En cette année 2014, les menées grossières et effrontées de la ploutocratie internationale, traduites depuis quelques décennies dans les actes militaires des Etats dominants, (mafia du G8), ne laissent plus de doute sur ses buts.
C’ est la mise sous tutelle absolue de l’ humanité par les monopoles capitalistes .
Tous ces gouvernements, comme on le sait, sont engagés depuis plus de trente ans dans une politique belliqueuse, visant à soumettre de gré ou de force le reste du monde, et notamment les pays de « seconde zone ».
Mais cette politique, avec ses relents de croisades moyenâgeuses, tant par ses prétextes que par ses méthodes, arrive aujourd'hui en butée sur le mur de sa propre nature : l’ impérialisme.
Jusqu’ à maintenant, le discours officiel pouvait encore donner le change et égarer l’ opinion dans les « vertus » du fameux monde judéo-chrétien », qui après une longue période de collusion et de soutien en sous-main aux régimes les plus pourris contre les peuples, s’ était muté en pourfendeur universel du terrorisme et de l’ oppression.
Mais même les sophismes les plus solides n’ ont qu’ un temps.
Ainsi, les propos musclés et autres roulements d’ épaules diplomatiques de l’ impérialisme occidental concernant les évènements de Syrie et dernièrement de l’ Ukraine, allant maintenant jusqu’ au soutien aux fascistes et autres néo-nazis, font tomber les masques
Dans la course aux parts du gâteau européen, on commence à se payer d’ audace , dans des visées territoriales au regard desquelles le traité de Rome n’ est plus qu’ un inoffensif évangile d’ union fraternelle des peuples.
La stratégie nouvelle qui apparaît dans cette affaire Ukrainienne est claire, dont la tournure présente n’ est que l’ aboutissement :
Peu de gens sans doute ,savent qu’ elle vise également la Biélorussie bien que jusqu’ à ce jour, elle ait été tenue en échec au niveau de sa première étape.
1) Période d’ activisme et de minage politique organisée de l’ extérieur
2) Emeutes pilotées par des argousins inscrits dans les plans et intéressés aux buts.
3) Proclamation de soutien aux « démocrates ainsi sortis du chapeau » affirmée haut et fort par la clique occidentale.
4) Après une bonne campagne de conditionnement international comme nos chers médias en ont l’ art consommé, il suffira que l’ O.N.U (devenue maison de tolérance des soudards du Capital) tamponne l’ ordre de mission et on envoie la cavalerie s’ il le faut.
Les esprits attentifs se rappellent forcément du scénario de démantèlement de la Yougoslavie…
Ca c’ est le schéma qui s’ est établi, comme une quasi routine depuis les années 90 où les renégats genre Gorbatchev, Eltsine, Poutine, Medvedev et consorts s’ étaient acoquinés à l’ impérialisme occidental pour les besoin de leur fourberie : la démolition de l’ U.R.S.S.
Sans aucun doute, depuis cette triste période des années 90, l’ impérialisme occidental a pris l’ habitude (fâcheuse), d’ imposer ses desseins à coup de poing sur la table quand ce n’ est pas à coups de bombes sur la G…,
Mais cette fois il y a un hic, il y a du poids : le raidissement du capitalisme russe, qui depuis l’ arnaque indiquée, à fait un chemin auquel il fallait bien s’ attendre, nouveau venu à part entière dans le club impérialiste mondial le fameux G8, là où se décide désormais les dimensions des parts respectives qui conditionnent le sort du monde !
Donc ce nouveau venu, entend avoir une place reconnue, et attend le respect sans arrières pensées des 7 autres voyous, qui pour leur part, bien qu’ ayant été largement complices de sa remise en selle, gardent malgré tout à son égard pas mal de préventions et de réserves.
Voilà le schéma tordu de l’ impérialisme du moment.
Il est vrai que, face aux difficultés actuelles, les 17 millions de kilomètres-carrés concernés sont plus intéressants à considérer comme espace de ressources et champ de manœuvre politico-économique que comme Etat souverain.
Mais l’ impérialisme des « 7 » dont le grignotage géopolitique du 8ème est devenu un T.O.C parmi leurs vices (trouble obsessionnel compulsif) (voir Daghestan, Tchétchénie, etc) semble ne même pas se rendre compte que sur cette immense surface, il y a avant tout un pays, une histoire, une population, qu’ il serait illusoire de croire réductibles à un Etat vassalisé, du moins réductible sans le prix fort, c’ est à dire au prix d’ un nouvel apocalypse 100ans après … mais fatal peut-être cette fois.
Quant au nouveau venu dans la mafia , le 8ème, le coup de la Crimée, autant que le regard qu’ il porte ostensiblement vers la vanne de gaz qui approvisionne notamment le tiers de la consommation allemande, devraient faire penser qu’ il n’ est pas résigné au stoïcisme, face aux fumeuses cuisines que ses frères ennemis européens viennent faire jusqu’ à sa porte!
Autant d’ évènements et de rebondissements qui donnent de bonnes raisons de se demander si le spectre d’ une conflagration mondiale ne rôderait pas à nouveau dans les chancelleries, émanation infernale, produit systémique des fantasmes du Capital ?
Car nous sommes bel et bien sortis d’ un monde que d’ aucuns disait dangereux parce que fait de deux blocs antagonistes, coexistant « le doigt sur la gâchette ».
A la vérité, ce monde, bien que loin de la paix absolue, était fait de trois blocs, le troisième étant un bloc virtuel si l’ on peut dire mais pesant d’ un poids incontestable : le prolétariat international, avec une sympathie naturelle, pacifique, pour le socialisme réel quoiqu’ on en dise.
Et n’ en déplaise aux pacifistes bêlants d’ une certaine époque, cette configuration, était un puissant interdit, autant matériel que moral contre la catastrophe générale, quand le monde d’ aujourd’hui c'est-à-dire l’ impérialisme sans contrepoids, est à l’ inverse, bel et bien en train de renouer avec ses monstres , prêt peut-être à repartir …comme en 14 !!
Dans cet ordre d’ idée, le présent article se propose de comparer la période actuelle avec la phase historique qui précéda la première guerre mondiale.
Ainsi nous attacherons-nous :
- Tout d’ abord à démystifier la présentation historique bourgeoise de ce conflit à laquelle nos commémorateurs de ce centenaire ne vont pas manquer de se référer pour le grand public (et pour cause !). Nous montrerons là le vrai visage, les véritables ressorts de cette guerre.
- Ensuite la situation du mouvement ouvrier de l’ époque , ses rapports avec le pouvoir politique, comment il put , malgré sa force, basculer dans la soupe du patriotisme bourgeois, et surtout comment « l’ exception russe » traduite dans la révolution d’ octobre 1917, combinée aux horreurs d’ une boucherie interminable et s’ avérant sans issue, le fit rebasculer en sens inverse, c’ est’ à dire dans le sens de l’ internationalisme prolétarien.
A partir de là l’ observateur dispose d’ une espèce de grille de lecture de la période qui va en gros de la fin des années 80 à nos jours pour desceller au travers des différences de formes politiques du processus mondial, la résurgence des principes de base pour ne pas dire des tares congénitales de l’ impérialisme, désormais à nouveau seul en course (donc retour à la case départ).
Ce sont ces tares, et principalement celle de l’ interventionnisme militaire sans limites internationales de quelque nature que ce soit, bien au contraire, qui constituent le trait commun essentiel des deux époques comparées, trait commun qui largement l’ emporte sur toutes les différences.
Par la suite, passant par-dessus la période intermédiaire qui va de 1922 à 1980 et qui n’ a qu’ un intérêt secondaire pour l’ objet du présent exposé, nous analyserons les mécanismes et surtout les racines qui ont piloté la décomposition du patrimoine prolétarien international (qu’ il s’ agisse par là des structures du socialisme réel, ou des organisations ouvrières au sein du capitalisme) et conduit principalement à l’ effondrement de l’ U.R.S.S.
Nous suivrons ainsi le chemin du mouvement ouvrier contemporain vers la déchéance totale mettant les masses populaires à la merci des volontés de la classe dominante, y compris, cela va de soi, dans l’ hypothèse d’ ambitions qui ne se satisferaient plus du seul flicage des pays subalternes.
Nous étudierons donc sous tous leurs aspects, les rapports actuels du mouvement ouvrier tant international que national (et à ce titre en particulier la position des organisations françaises) à la structure impérialiste en pleine tension. Mais aussi et surtout, dans un capitalisme travaillé en même temps par les convulsions d’ une crise sans précédent du point de vue de sa durée, nous apporterons la réflexion qui s’ impose sur l’ évolution du rôle du mouvement ouvrier en ce qui concerne sa possible (et nécessaire) influence historique immédiate.
Nous montrerons que cette influence s’ inscrit autant dans l’ intervention de type « prérévolutionnaire » que dans la reconquête mondiale de ses positions politiques et organisationnelles perdues et de ses acquis économiques et sociaux dévorés par les profiteurs capitalistes.
Nous en déduirons l’ urgence d’ autant plus criante de la reconstruction des appareils ouvriers sur les bases de la lutte de classe (répudiation sans appel du réformisme), autant dans l’intérêt direct de la condition ouvrière qui va aujourd’hui vers l’ indigence, que dans celui plus élevé encore, de la mission révolutionnaire qui échoit inexorablement au prolétariat.
Accessoirement, la situation actuelle du monde attire une fois de plus l’ attention des esprits éclairés sur ce que vaut réellement la paix pour le capitalisme.
A ce propos, au-delà de son réformisme impénitent qu’ aucun marxiste ne peu cautionner, Jean JAURES avait toutefois donné une formule qui portait un jugement impérissable, sans appel, sur la nature profonde du capitalisme :
LE CAPITALISME PORTE EN LUI LA GUERRE
COMME LA NUEE PORTE L’ ORAGE
Dommage que cette puissante vision du système ne réussit jamais à rallier le célèbre tribun au camp révolutionnaire !
Il eût sans doute joint à sa devise un complément beaucoup moins prisé que les « quantiques» pacifistes par la bourgeoisie :
SI TU VEUX LA PAIX , PREPARE LA REVOLUTION !
Mais on peut imaginer malgré tout, que d’ outre tombe, il a dû plus d’ une fois botter les fesses (et qu’ il continue de plus belle) à ceux qui ont usurpé (et usurpent encore) de sa mémoire. Mais au fait, à quel titre le peuvent-ils encore ?
Le lecteur est invité a la poursuite de cette étude, sur un site bien moins dans l’ air du temps et de la mode que les YOU TUBE, les FACEBOOK et tutti-quanti mais est-ce dans la grande mêlée organisée pour la diversion que l’ on trouve les choses les plus importantes …..Pas sûr ….
En attendant nous nous permettons de revenir sur la juste appréciation du capitalisme de Jean JAURES, à propos d’un petit camouflet essuyé récemment par le chef de l’ Etat François HOLLANDE. lequel s’ est fait copieusement hué par la foule alors qu’il avait le toupet de flatter la mémoire de Jean JAURES, à Carmaux. Bravo la foule ! on ne peut plus justement et plus lucidement se conduire envers l’ imposture. Les initiés savent que le nom de JAURES est attaché à cette ville par l’ épopée des verreries en coopérative ouvrière, pour la création desquelles le grand homme n’ économisa pas l’ énergie de ses illusions réformistes (honnêtes pour cette époque précisons-le)
Mais dans cette localité une autre imposture s’ est produite dans la dernière période, le fiasco du site « m’ as-tu-vu » de Mr Paul QUILLES (le fossoyeur Mitterrandien du grand service public P.T.T) qui s’ est « mis au vert » usurpant sans vergogne de la célébrité du premier mort symbolique de 14-18 aux seules fins de se créer un fief politique personnel !
En fait ces deux évènements nous indiquent que la formule de JAURES, pour géniale qu’ elle soit, est malheureusement incomplète.
Car le capitalisme ne s’ arrête nullement à sa nature de porteur de guerre. Il secrète aussi activement en temps de paix les voyous aptes à la conduire un jour, parmi toutes les engeances que l’ on pourrait qualifier de délinquants en cravate du point de vue prolétarien.
Des brochettes de tricheurs de bonimenteurs, et de menteurs tout court, de voleurs, d’ escrocs de suborneurs d’ opinion, de "failliteurs" patentés etc… qui fabriquent en haut lieu derrières leur discours creux les oukases qui pourrissent toujours plus la vie du peuple laborieux … pour assure la pérennité du système !!
LE VRAI VISAGE DU CAPITALISME :
Derrière le masque des « nobles causes » mis à mal par l’ impatience de la domination, on reconnaît aujourd’hui le vrai visage démoniaque d’ un système aux abois, près à jouer son va-tout peut-être pour se maintenir coûte que coûte.
La commémoration de cette honteuse boucherie de 14-18 va immanquablement donner lieu à une campagne de récupération des gouvernants actuels, par leurs éloges hypocrites, leurs hommages au sacrifice, au courage, etc.
Pourtant il est permis de penser que s’ il avait existé à cette époque au titre de ce qu’ il se proclame et non comme instrument juridique de l’ impérialisme actuel, le T.P.I de La Haye eût été submergé, noyé dans la multitude des prévenus.
Il faut donc que soit administré aux générations montantes, le contrepoison du dédouanement que nos commémorateurs officiels ne vont pas manquer de fournir à leurs pairs de cette époque ancienne.
Soit-dit en passant pour cette période du début de Vingtième siècle il y a des coups de pieds aux fesses qui se perdent à l’ adresse de ceux qui professent ou croient sérieusement au qualificatif bien connu de « belle époque » .
Nous verrons ainsi que de ce point de vue, par rapport à la période que nous vivons, elle présente une des identités essentielles que nous examinerons avec le lecteur.
Voyons donc maintenant, ce que se gardera bien de dire la bonne société des « commémorateurs ».
Tout d’ abord, il faut planter le décors.
Les 30 années qui précédèrent le cataclysme étaient en fait celle d’ impérialisme à double sens :
La montée en puissance dans le monde entier d’ une grande bourgeoisie industrielle et financière, dans un essor prodigieux de l’ industrie lourde, de l’ expansion coloniale, à la recherche de nouvelles ressources, de nouveaux débouchés, de nouveaux marchés, à la fois pour les marchandises et pour le CAPITAL.
Dans ce schéma, naturellement, l’ embryon du G8 actuel était déjà là.
Quant à la mondialisation, que les analystes à quatre- sous nous décrient aujourd’hui comme si elle venait tout-juste de se faire, inutile de dire qu’ elle était elle aussi déjà en course. A toutes fins utiles pour les créateurs de néologisme, ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation n’ est rien d’ autre que le stade contemporain de l’ impérialisme !
Il faut éviter de croire qu’un système socio-économique se différencie sur le fond parce que sa forme change.
L’exploitation des hommes, des pays, des peuples est toujours l’ exploitation. Le principe du capitalisme est toujours l’ extorsion, la spoliation au profit des propriétaires privés des moyens de production. Il n’ y a dans l’ évolution, que les dimensions et les moyens qui changent.
S’agissant du terme de mondialisation qui n’ est bon qu’ à enfoncer des portes ouvertes, rappelons que Karl MARX et Friedrich ENGELS écrivaient déjà dans le Manifeste de 1848 « qu’ après avoir été le but du capitalisme, le marché mondial en devient désormais la base »
Continuons.
C’ est dans cette grande effervescence économique que se développait parallèlement les classes ouvrières nationales, hommes femmes, enfants le cas échéant , alternativement aspirés, dévorés puis rejetés en masse, pour l’ accomplissement des plans d’ enrichissement de la classe exploiteuse.
l’ Internationale socialiste, deuxième du nom,(entendre ce terme au sens marxiste et non au sens pourri d’ aujourd’hui) a refait surface en surmontant les déboires de la 2ème moitié du 19ème siècle , l’ «écrasement de la commune de Paris notamment.
Mais il s’ agît cette fois d’ une classe ouvrière passablement plus radicale, parce que plus instruite, à la fois politiquement et économiquement. Elle s’ est donnée des élites nombreuses, sortis des rangs, qui l’ ont fortifiée et organisée.
La toute nouvelle C.G.T de 1895, n’ inscrit-elle pas à son programme (congrès de Nantes) le principe stratégique de la grève générale ? Qu’en est-il aujourd’hui Mr LEPAON ?
Donc à cette époque, le mouvement ouvrier est en pleine ascension et fortement irrigué par les thèses révolutionnaires.
Peut-on dire qu’ il est fort ? oui et non, car s’ il a le bénéfice d’ appareils dirigeants (honnête jusqu’à l’ effondrement de1912-1913) qui plus est avec un relatif droit de cité, chose qu’ il n’ avait jamais eu auparavant, il reste toutefois soumis au bombardement idéologique de cette époque, ultra nationaliste, qui contrecarrent l’ indépendance de son développement politique et partant la solidité de sa conscience de classe.
Et nous allons voir un peu plus loin ce que fut précisément ce « bombardement ».
A côté de l’ impérialisme du Capital, il existe (ou plus exactement subsiste) à l ’ époque considérée un autre impérialisme , celui des dynasties européennes, sauf en France où la noblesse et la royauté, (déchues en fonction mais pas mortes en titres) se sont habilement encanaillées avec la loi du fric, trouvant sans doute les privilèges de cette dernière aussi intéressants que ceux du sang)
Précisons tout de même que de son côté, la 3ème république qui à l’ approche de l’ explosion égraine ses présidents, ses intrigants ses arrivistes et autres bons « viveurs » ( qui sont éventuellement le tout à la fois ), conserve pour l ’ ancien régime une certaine séduction à laquelle la marque de Monsieur THIERS n’ est sans-doute pas étrangère.
Bref, ce second impérialisme qui va du jouisseur Edouard VII (succédé par Georges V) au Tsar Nicolas II en passant par le Kaiser Guillaume, François joseph d’ Autriche Hongrie et les pachas de l’ empire ottoman avait comme le premier (l’ impérialisme bourgeois) des visées d’ expansion. Mais ces visées n’ étaient dictées que par le souci de conservation dynastique.
Car en fait, à l’ exception de la royauté anglaise qui s’ était mis en ménage avec sa bourgeoisie depuis l’ avertissement de CROMWELL , toutes les dynasties des grands Etats Européens étaient sous la pression de la fameuse « démocratie bourgeoise » d’ une part et celle du mouvement ouvrier ascendant d’ autre part.
Tout ce joli monde,( dynasties et bourgeoisies s’ entend) frères ennemis coexistait sur le fil du couteau, entre gage d’ alliance donné par l’ un à l’ autre et peur d’ être tous débordés et emportés par une révolution ouvrière.
N’ avait-on pas en France reçu l’ avertissement encore tout proche de la commune de Paris.
Mais en définitive c’ était bien la classe capitaliste qui avant même d’ accéder au pouvoir politique dans toute l’ Europe, était en train de prendre en main la barre de l’ histoire.
Car si les deux impérialismes avaient de quoi redouter leur fin dans une révolution, il était plus que certain que les dynasties avaient pour leur part, peu de chance de survivre à une guerre d’ envergure .
Ce fut donc le grand paradoxe de cette immonde boucherie qui fut conduite d’ un commun accord par ceux qui avaient tout à y gagner et le savaient et ceux qui avaient tout à y perdre mais ne s’ en doutaient pas !
Laissons de côté le comble de cette configuration qui est l’ étroit lien de cousinage entre tous ces gens, ce qui n’ était pas nouveau puisque même Anne de Bretagne avait déjà eu un enfant Habsbourg !
On juge ici de la pertinence de Friedrich ENGELS lorsqu’ il disait que les tumultes de l’ Europe n’ ont jamais été qu’ une histoire de famille !
Au total, les uns pour l’ enrichissement, dans un premier temps, les autres pour l’ illusion de leur prorogation dynastique s’ étaient engagés sur l’itinéraire inexorable de la domination du monde, considérant CHACUN, et SANS EXCEPTION que la répartition d’ alors n’ était plus conforme à leurs ambitions !
Nous ne nous attarderons pas ici sur les dynasties balkaniques , Serbie, Roumanie et autre Bulgarie ou même sur la Grèce, auxquelles ne restaient dans le grand drame que des rôles subalternes d’ instruments ou de prétextes aux desseins des puissances principales.
Mais notons bien que du point de vue, par contre, de l’ étude comparative des deux périodes (pré- 1914 et pré- 2014), les instruments et les prétextes jouent un rôle décisif dans les prémisses de conflit…
Pour les deux structures impérialistes précédemment décrites, ce fut donc sur la base de nécessités vitales , communes au sens immédiat du terme, mais diamétralement opposées au sens de l’ histoire que les deux grandes coalitions militaro-industrielles se réalisèrent sur plusieurs décennies.
Et durant toute la période préliminaire, on attrape le tournis à essayer de trouver la moindre cohérence dans les tractations bilatérales et traités secrets, les coups d’ esbroufe et coups de force jusqu’ à la provocation, test continuel des forces et des réactions entre les protagonistes, défections voire renversement d’ alliances.
Moteur du système : les parts de butin mondial que chacun des « bandits »prétendait conserver, ou tout bonnement convoitait. (France, Angleterre, Allemagne, Russie s’ entend ici) . Il est même établi que dans les derniers jours de la paix, une espèce de traité de neutralité séparée a été conclu entre les deux cousins : le roi Georges V d’ Angleterre et le kaiser Guillaume II qui fut naturellement balayé par l’ enchaînement inexorable des évènements.
C’est dire à quel point cette guerre s’ imposa comme l’ affaire d’ un système d’ intérêts totalement incontrôlable.
Sous la pression formidable du capital, la guerre était pour ainsi dire le besoin général politico-économique (avoué ou non) de tous les éléments nationaux du système.
Mais pour qu’elle éclatât, Il fallait que par une longue gestation dans les remous du monde impérialiste ainsi décrit des camps adverses se déterminassent.
A vrai dire, ce ne fut que deux ou trois ans avant le déclenchement que ces deux camps , promoteurs diaboliques de l’ incendie général, furent définitivement établis : Angleterre, France, Russie d’ un côté dans la triple entente, et Allemagne, Autriche-Hongrie, empire Ottoman (déjà passablement en déchéance) de l’ autre dans la triple alliance,
Car par définition (et ce carnage obstiné, cet aveuglement criminel, jusqu’ à la saignée des nations en est bien la démonstration), l’ impérialisme sous quelque forme que ce soit est foncièrement incompatible avec la notion d’ arrangement et de partage raisonnable. Sa nature profonde, nécessaire même, c’ est l’ expansion sans frein par l’ imposition des volontés d’ Etat, s’ il le faut par la force, donc la guerre. Tout comme l’ énonce la constatation de CLAUSWITZ selon laquelle « la guerre est la continuation de la politique par d’ autres moyens. »
Le capitalisme à son stade suprême impérialiste non seulement n’ échappe pas à cette considération mais bien au contraire, il élève la guerre à un niveau de destruction humaine et matérielle sans précédent dans l’ histoire, en faisant une activité ordinaire, partie prenante instituée de l’ économie et de la politique, une espèce de plan B toujours en réserve, où les généraux et les industriels de l’ armement sont chargés des initiatives (sans le moindre scrupules) pour le compte direct du Capital dominant.
C’ est bien ce qu’exprima ce 1er conflit mondial qui ne fut ni plus ni moins qu’ un crime de masse inaugurant pour ce vingtième siècle, une bestialité, une inhumanité soutenues in-extenso par TOUS LES BELLIGERANTS.
La guerre fut donc, peu à peu et de longue date envisagée, puis préparée ,puis décidée. En tant que monstrueuse nécessité de système conduite délibérément par les pouvoirs (bien qu’ils s’ en défendirent tous face à l’ ampleur du cataclysme) .
Comme le souligna alors Vladimir OULIANOV dit LENINE, peu importait de savoir qui réellement avait ouvert le premier les hostilités effectives puisque tous ces bandits impérialistes sans exception, s’ étaient fabriqués depuis des décennies de bonnes raisons d’ en découdre.
Il poursuivait en dénonçant l’ hypocrisie des cantiques (y compris ceux du pacifisme) utilisés par tous sur les intérêts vitaux et la défense de la patrie pour tromper leurs peuples.
Il montrait ainsi que cette boucherie impérialiste n’ était en réalité que l’ œuvre des soudards du capital dans des buts exclusifs de rapine , de repartage violent du butin mondial (colonies, marchés, ressources du sol et du sous-sol, etc…) .
On peut toujours, s’ agissant de la France, tomber dans le panneau de la récupération légitime des territoires d’ Alsace-Lorraine passés à l’ Allemagne en 1870 à condition d’ ignorer l’ origine honteuse de cette « amputation » et les visées françaises aussi secrètes qu’ inavouables sur la Ruhr …..
Par ailleurs, que ces territoires restent allemands ou redeviennent français (ce qui eût très bien pu être réglé par voie référendaire) n’ étaient sans doute pas à cette époque, pour les maîtres de forges attitrés, (les De Wendel) la question de première importance, lesquels étaient suffisamment représentés autant au Reichstag qu’ à l’ Assemblée Nationale.
Leur position industrielle par rapport aux questions d’ armement leur donnait par contre un intérêt qui se conçoit aisément pour s’ en tenir au tableau de l’ enrichissement par le conflit, (tout comme les Krupp allemands) objectif beaucoup moins patriote que philistin, et que leurs représentants dans les commissions militaires ne perdaient pas une seconde de vue.
Non, mis à part son énorme influence pour l’ intoxication chauvine de l’ opinion, la question de l’ Alsace-Lorraine, comme ont l’ honnêteté de le reconnaître quelques historiens, fut beaucoup plus un élément de durée qu’ un facteur de déclenchement de ce conflit.
Car l’ enjeu essentiel de la rivalité franco-allemande se tenait, bien loin de l’ Alsace-Lorraine, sur le partage des espaces africain et extrême oriental !
- l’ antagonisme austro et germano-russe au niveau des Balkans sur le dépeçage collatéral de l’ empire ottoman.
- le sort de ce qu’ était à l’ époque la zone occidentale de l’ empire tsariste, c’ est à dire la « grande Pologne » retombée de son élan du 17ème siècle en compagnie du grand duché de Lituanie, (zone dans laquelle figure…. l’Ukraine. Tiens donc, comme on se retrouve !)
- et enfin l’ « anglo-germanique » dans la lutte pour l’ hégémonie maritime , lutte commerciale à la base qui tout d’ abord portait en elle, puis exprima concrètement et ouvertement ses moyens ultimes.
LENINE démontrait à ce sujet que la nature profonde de l’ impérialisme tournait définitivement le dos aux guerres « justes » ( c’ est à dire tant soi peu dirigée contre une oppression) pour mener des guerres de conquêtes liées aux mécanismes objectifs du développement capitaliste, société de classes, bien davantage qu’ aux volontés subjectives des hommes, (accaparations de zones géographiques, annexions soumission des peuples et pays de petites dimensions, etc)… et que pour cette raison aucun des belligérants n’ était fondé à invoquer l’ argument innocent de la « défense de la patrie ».
L’ idée du recours à la guerre ayant mûri peu à peu était en effet acquise dans les milieux possédants et dynastiques européens ainsi que dans ceux des larbins politiques et militaires.
De ce point de vue, la période de 1900 à 1914 est édifiante. On y observe à loisir un imbroglio de manigances et de provocations en tous sens et de la part de tous , marqué cela va de soi, par une course aux armements effrénée notamment entre l’ Angleterre et l’ Allemagne.
On y constate l’ extrême difficulté de situer entre l’ Angleterre, l’ Allemagne et l’ Autriche, la France et la Russie , qui a stimulé le plus la machine infernale.
On arrive à l’ impossibilité de trouver dans le tas des pays participants, un quelconque innocent qui fût surpris par une attaque dont il n’ eût pas lui-même déjà l’ intention .
L’ entrée en guerre est ordinairement notée par les historiens au 2 Août 1914 , mais peu de gens sans doute, savent que l’ ordre de mobilisation générale fut décrété par le gouvernement français juste la veille, 24 heures après l’ assassinat du gêneur pacifiste JAURES ! (le service militaire avait été porté de deux à trois ans en 1913) ; que la déclaration de guerre de l’ Allemagne datée du 3 ne faisant en fait que confirmer ses mouvements déjà en cours le 2 ! L’ armée russe de son côté mobilise et fait mouvement dés le 31 juillet pour piquer la Prusse le 3août. L’ Autriche, n’ est pas en reste dans cet élan unanime, puisqu’ elle a déjà annoncé la couleur du sang à la Serbie dés le 28 juillet !!
Autant de choses que se garderont bien (surtout en ce moment) de nous expliquer les « commémorateurs.
Le lecteur nous taxerait à bon droit de légèreté si nous passions à la trappe la position des Etats-Unis dans ce conflit, un opportunisme économique parasitaire, générant par fournitures de guerre des revenus fabuleux, tout en restant dans l’ expectative, et se réservant en même temps les voies de sauvegarde pour l’ entrée éventuelle dans ce conflit « essentiellement européen » selon le discours du président Woodrow Wilson.
Position que l’ on retrouvera d’ ailleurs par rapport à l’ embrasement de 1939- 1945
En ce début de 20ème siècle, l’ Amérique envisage déjà sa domination du capitalisme planétaire et ne se soucie qu’ accessoirement de l’ issue de cette guerre par laquelle s’ engraissent ses industriels autant que ses fermiers du Middle Ouest.
Sauf qu’ en l’ année 1917, quelque chose indiquait à la maison blanche que ses rêves de domination pouvaient bien devenir un cauchemar… tout simplement par l’ effondrement pur et simple du capitalisme lui-même. Alors, il fallait entrer en lice…
Cette dernière mention à propos des Etats-Unis d’ Amérique est par ailleurs d’ une extrême importance pour la mise en relief du point de vue de classe qui fonde le présent exposé.
En effet, il est généralement sans intérêt pour les masses exploitées et à plus forte raison pour les marxistes, de disserter sur les tenants et aboutissants de la politique bourgeoise ,et partant, de la guerre, pour élucider les torts, les raisons, les pertinences, les chimères, les manœuvres des uns et des autres, les dessous et les dessus des évènements historiques, dans le stricte cadre des valeurs propres au système, à l’ ordre bourgeois établi.
La bourgeoisie a suffisamment de capacités intellectuelles et surtout les privilèges de l’ accès aux sources de documentation pour réaliser cette tâche. Et ses historiens ont si l’ ont peut dire abondamment labouré ce « terrain de 14-18 » après que ses obus l’ aient copieusement déchiqueté.
Non, si ce n’ était pour observer pourquoi et comment le cours du mouvement prolétarien s’ y imbriqua et pesa incontestablement dans ce premier conflit impérialiste , jusqu’ à en infléchir l’ issue, cet exposé n’ aurait aucune utilité.
Ici s’ impose donc une remarque d’ importance.
Si les bourgeoisies contemporaines avaient pour cette tragédie historique le respect humain qu’ elles prétendent, elles auraient dû au moins avoir la pudeur de commémorer non pas le centenaire de son déclenchement mais celui de sa fin c’ est à dire le 11 novembre 1918.
En fait, telles que les choses se présentent en cette année 2014, la bourgeoisie impérialiste, classe dominante, ne fera que célébrer (pour ne pas dire magnifier) son premier crime mondial.
Pour sa part, tout ce qui reste d’ honnête du mouvement ouvrier de par le monde, ne saurait se joindre à cette honteuse opération d’ une classe en décadence, à la recherche de tous les moyens pour redorer son orgueil. Ce « reste » centrera sa mémoire de préférence sur le centenaire de la première révolution socialiste (octobre 1917) et de tous les enseignements de la longue période que cet évènement a inauguré. Il y puisera non pas la résignation ou le découragement mais une vision encore plus audacieuse de l’ émancipation humaine.
Le présent exposé ne poursuit en définitive qu’ un but particulier : montrer qu’ en ce début de 20ème siècle, après les guerres de seigneurie, de royaume, d’ empires dynastiques, de nations, le capitalisme à son stade suprême impérialiste élève lui-même la lutte de classe hors de sa forme jusque là larvée, au rang d’ un véritable guerre ouverte….
Montrer ainsi que la conscience de classe, lâchée par le mouvement ouvrier qui s’ est fait rouler dans la farine du patriotisme bourgeois le 2 août 1914, se redresse peu à peu.
Montrer en conséquence, que généralement, au stade impérialiste du capitalisme, les chances de réalisation de la guerre sont en raison inverse du niveau et de l’ ampleur de la conscience de classe dans les masses exploitées, et que pour porter les fruits auxquels elle est prédestinée, cette conscience doit nécessairement déboucher sur l’ action révolutionnaire.
Mais revenons à 14-18 …
La mauvaise farce de « l’ union sacrée » machinée par tous les gouvernements avec la complicité des social-traîtres européens ne résiste pas longtemps elle-même aux ravages des artilleries et des mitrailleuses.
Pour prendre, en même temps que l’ examen de sa nature profonde, la vraie dimension du rejet progressif de cette guerre, il est essentiel de noter l’ osmose entre les évènements qui se produisent sur le terrain militaire et ceux qui jalonnent la vie de « l’arrière » dans les différent pays, et qui vont jusqu’ aux remous et empoignades oratoires (voire plus) au plus haut niveau des gouvernements.
En fait, cette guerre qui avait, par rouerie politique, arraché pour son déclenchement une relative adhésion générale, est rapidement vomie par la masse des peuples….
La démonstration ne serait pas probante si l’ on omettait les grèves et manifestations qui commencent très tôt à fleurir un peu partout dans la population civile ( sous l’ impulsion notoire des femmes cela va sans dire, lesquelles n’ ont évidemment rien de commun avec les « danseuses » actuelles de nos médias ), les drapeaux rouges qui sortent et l’ internationale d’ Eugène Potier qui retrouve le « La »
En fait les révoltes des tranchées ne font qu’exprimer un mélange de détresse et de colère générales qui plonge ses racines dans toute la masse des peuples face à leur classe dominante.
Qui plus est, sous l’ effet d’ un vent dominant venu de l’ Est, la lutte de classes finit par s’ inviter véritablement, dans les tranchées, au grand dam des promoteurs du cataclysme.
LA CHANSON de CRAONNE
(à mettre trop le nez sur quelque chose, on en perd de vue la nature profonde..)
On perd de vue cette substance prolétarienne internationale qui se développe sur les lieux mêmes des combats si l’ on se focalise sur son point d’ orgue français du printemps 1917( refus de monter à l’ assaut, mutineries, désertions, etc) , en forçant le trait sur la lassitude, la souffrance et la détresse des soldats.
Il faut observer à la fois les formes, le temps et l’ espace de TOUS les évènements opposables, effectivement et concrètement OPPOSES à cette guerre, depuis son commencement, non pas par refus de la guerre en général, mais par perception progressive, grandissante, de la part des combattants mais aussi des masses populaires, du caractère spécifique de CETTE guerre : le brigandage impérialiste imposé par la ploutocratie.
Précisons qu’il s’ agît bien d’ une tendance générale aux troupes de TOUS les belligérants, qui s’ affirmera crescendo tout au long du conflit et qui revêt des formes diverses allant de la protestation protocolaire, respectant l’ ordre et la hiérarchie militaire aux mutineries armées où les soldats retournent carrément leurs armes contre leurs officiers (à l’ instar des marins du cuirassé POTEMKINE en 1905).
Entre ces deux extrêmes exprimant la même conscience mais à des degrés d’ audace différents se produira toute une gamme se déclinant selon la nature des hommes, l’ état de la situation militaire immédiate et bien sûr l’ accumulation des souffrances :
la fraternisation dans les tranchées, manifestations de soldats, désertions collectives etc
Et de ce point de vue, même l’ image du militarisme allemand pur et dur, sans faille, discipliné jusqu’ à la moelle ne résiste pas à l’ examen….Il y a eu des révoltes et des fusillés pour l’ exemple y compris dans les troupes allemandes.
Car si la « deutsche » soldatesque avait été si étrangère à toute idée de rébellion, comment la révolution prolétarienne aurait pu en Allemagne, marcher sur les talons de l’ armistice !?.
Comment les conseils d’ ouvriers et de soldats auraient pu du jour au lendemain engager leur prise de pouvoir dans tout ce pays ?
Comment Rosa LUXEMBOURG et Karl LIEBKNECHT , éminents dirigeants ouvriers (spartakistes c.à.d. communistes) auraient pu à la tête de forces armées mutinées (notamment les marins) contrôler la célèbre Wilhelmstrasse de Berlin et occuper le palais impérial ? Même le plus ordinaire des militants sait bien que tant de force sociale ne peut en aucun cas entrer en mouvement aussi brusquement, en quelque sorte comme sortie d’ un chapeau.
Et de leur côté, les militants avertis savent que sans le marché passé par les social-pourris EBERT et SCHEIDMAN (équivalent de nos socialistes actuels) avec toutes les forces réactionnaires de l’ Allemagne (y compris le nazisme en herbe), et surtout le haut commandement des armées, la révolution prolétarienne avait toutes les chances de triompher au pays des germains, un peu plus d’ un an après la révolution russe.
Toutefois, il aurait probablement fallu qu’ elle s’ attende au schéma inversé de la commune de Paris : la bourgeoisie française volant au secours de sa sœur ennemie d’ outre-Rhin par l’ entremise d’ un quelconque THIERS « teuton »
Est-il d’ ailleurs certain que l’ armistice du 11 novembre 1918 permettant le retour sans encombre de l’ armée allemande au « Vaterland » soit de ce point de vue complètement innocent ?
Dans cet ordre d’ idée, la bourgeoisie européenne nous montrera par la suite de quel bois elle se chauffe dans son soutien appuyé au cinq années de la contre-révolution russe.
C’ est ainsi qu’ à la place d’ une flambée révolutionnaire générale, l’ assassinat de Rosa et Karl, intervenant au terme d’ une semaine de sanglante répression organisée par les social-pourris allemands, marqua pour l’ Europe occidentale le reflux des forces qui avaient su résister à la trahison.
Remarquons que l’ ironie de l’ histoire produit souvent des choses que l’ on a peine à imaginer.
Exemple : la réunification de l’ Allemagne a fait qu’ il existe aujourd’hui à Berlin, non loin l’ une de l’ autre, une rue LIEBKNECHT et… une rue SCHEIDMAN le second n’ étant autre que l’ un des commanditaires de l’ assassinat du premier !
Mais continuons notre exposé.
En France en particulier, les mutineries du printemps 1917 remettent brutalement les pendules à l’ heure prolétarienne en rappelant la vraie ligne de front, la vraie ligne de partage des intérêts, jusque- là dissimulée, celle qui existe non plus entre les peuples comme on l’ a toujours fait croire mais entre les classes nanties d’ un côté et les peuples dans leur ensemble. La réalité cachée éclate ainsi au grand jour selon laquelle les peuples ne sont que les instruments des rivalités entre les classes dominantes. (ce qui est d’ ailleurs vrai aussi bien en temps de paix qu’ en temps de guerre)
Sous cet angle, l’ exposé arrive à un endroit idéal pour honorer la fameuse « chanson de Craonne » née dans les tranchées de l’ Aisne , suite aux délires ahurissants JOFFRE-NIVELLE qui sans vergogne destinaient à la tombe des centaines de milliers d’ hommes s’ il le fallait et dont l’ horreur , dans chaque camp, de chaque côté du front, scellée par le tristement célèbre « Chemin des dames », ne mesure plus la centaine de mètres « gagnés , perdus, repris et reperdus » à l’ unité de longueur mais aux milliers de morts et blessés dans les deux camps.
Venons-en à présent au fameux bombardement idéologique de la classe ouvrière par la propagande d’ Etat et les agitateurs boutefeux patentés de l’ époque, ainsi qu’ aux artisans de la répression , genre CLEMENCEAU pour la France (eh oui !).
Nous avons indiqué la situation contradictoire du mouvement ouvrier à la fois fort et fragile car soumis à une formidable pression nationaliste.
Dans ce domaine, commençons par la France .
Qui par exemple n’ a entendu parler d’ « Action Française », des MAURAS et autre BARRES (dont la mémoire est figée encore à se jour par un monument évoquant la fameuse « ligne bleue des Vosges ». Colline de Sion , 88).
Dans toutes les propagandes il fallait effectivement enrôler virtuellement les plus larges couches populaires possibles, car à cette époque c’ était le peuple qui était appelé à la guerre et pas les « mercenaires professionnels » .
Et le peuple à convaincre, c’ était les couches laborieuses, classe ouvrière, classe salariée dans son ensemble, paysannerie et autre petit peuple des couches intermédiaires, qui constituaient en puissance la masse des combattants nécessaires à cette époque .
Pas de conviction dans les masses, pas de guerre possible !
Ici n’ est pas l’ intention de dire que la classe possédante fut strictement spectatrice du conflit. Elle y laissa au moins des plumes à son niveau inférieur mais les paroles de la « chanson de Craonne » sont édifiantes qui rappellent pour quels intérêts moururent ces « gens du haut » : les leurs !
Et cela ne change rien à la nature foncière de cette boucherie, bel et bien faite avec la peau des peuples pour la fortune des riches !
Il nous faut revenir ici sur la formule éhontée « la belle époque »
Sans aucun doute, le siècle inauguré en 1900 était à son début, à la fois porteur et annonciateur d’ opulence… pour la classe possédante ! Mais le cours radical pris par le mouvement ouvrier, précisément à cette époque, indique en contrepartie pour tout le pays , la dureté de la condition générale de l’ ensemble des couches laborieuses, à la campagne comme à la ville.
Les grèves, dures et souvent encore plus durement réprimées, les cabales montées par Clémenceau en personne pour jeter en prison tel militant syndical trop efficace , (voir les mémoires d’ un certain Pierre Monatte fondateur de la « Vie ouvrière »), les mouvements quasi insurrectionnels dans la viticulture du sud de la France (1907) dans lesquels notre même Clémenceau commandant le feu de la troupe contre les vignerons, montra que ses talents ne s’ arrêtaient pas à l’ art de renverser les cabinets ministériels, voilà ce qu’était réellement la fameuse « belle époque pour les masses laborieuses »
Outre cette ambiance répressive de l’ extérieur, le mouvement syndical, pourtant fort et ascendant tel qu’ il le montrait dans toute l’ Europe depuis la vague révolutionnaire du milieu et de la fin du 19ème siècle , était gravement hypothéqué de l’ intérieur, notamment en France par la grande illusion de l’ époque : l’ anarcho-syndicalisme, facette économique du réformisme, qui postulait que la classe salariée pouvait se doter dans le cadre du capitalisme d’une activité économique propre à pousser le capitalisme peu à peu dans la tombe, ceci postulant carrément sur l’ insignifiance du pouvoir politique d’ Etat.
Inutile de dire à quel point cette posture générale du mouvement ouvrier, dont la situation française n’ est qu’ un exemple, pouvait, par une certaine méconnaissance de la nature de classe de l’ Etat et des ramifications du Capital au stade impérialiste, le ramener à tout moment dans le giron du nationalisme, et l’ aligner sur les thèses belliqueuses du discours officiel entretenues par les va-t-en guerre indiqués plus haut. Exactement comme les sujets d’ un seigneur qui pour échapper aux brigandages de l’ époque féodale, venaient se réfugier au château de celui qui passait le plus clair de son temps à les saigner!
Au surplus, l’ ambiance enveloppante du national-patriotisme dans laquelle respirait le mouvement ouvrier, était confortée par une certaine jeunesse intellectuelle, étudiante et autre, macédoine d’ illuminés aux repères instables, mystiques genre Charles PEGUY ou aventuriers genre…..
Ne s’ opposait en fait à l’ idée de la guerre que le pacifisme naïf des JAURESISTES, un pied lui aussi dans l’ anarcho-syndicalisme au plan économique (voir le mirage des coopératives ouvrières) et l’ autre dans le parlementarisme bourgeois au plan politique.
En Europe ….
Si l’ on fait un bref tour d’ horizon du continent, on confirme que l’ internationalisme prolétarien initié par la première internationale de 1864 et relancé par la IIème de 1889 est, en raison des considérations qui précèdent, plutôt chétif au sein des masses ouvrières européennes. A proprement parler, il n’ est pas vraiment intégré dans la conscience collective mais simplement « indexé » sur l’ attitude de ses dirigeants les plus en vue. Et c’ est précisément par cette voie que les peuples vont se trouver enchaînés aux desseins meurtriers de leurs classes possédantes.
Rappelons à ce propos ce que l’ on néglige trop souvent :
si pour sa part la lutte de classe économique est un fait objectivement lié au développement matériel, donc pratiquement inscrit dans les gènes du mouvement social et plus particulièrement du mouvement ouvrier, la lutte politique, et qui plus est la lutte révolutionnaire dans la perspective du renversement du capitalisme est plus étroitement liée au niveau de conscience de classe dans les masses, donc pour une bonne partie à l’ appropriation du patrimoine culturel prolétarien.
Il est clair que le rôle rempli par les appareils dirigeants ouvrier est décisif pour cette appropriation. Mais il est non moins clair qu’ il peut être aussi bien positif que négatif et le marasme de la période actuelle en témoigne.
Dans cet ordre d’ idées, on ne saurait mieux s’ instruire de l’ état d’ esprit des masses et de leurs rapports avec les appareils dirigeants ouvriers de l’ époque qu’en étudiant le tome 21 des œuvres de LENINE ( ce tome 21 peut être considéré comme un outil essentiel du marxisme-léninisme, grille de lecture universelle des rapports de classe à tous les niveaux de la phase impérialiste du système, aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre et à plus forte raison dans les périodes de préparation de cette dernière. C’ est pourquoi, il mériterait d’ être réédité et relu en masse pour remettre dans le bon sillon beaucoup de « supposés marxistes ».)
Fort de cette lecture, nous pouvons revenir à la réalité ouvrière « européenne » de l’ époque considérée, et voir comment et pourquoi un certain « grain de sable russe » a pu à un moment donné, déjouer la fourberie de la mécanique idéologique dominante.
A suivre…