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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 18:16

 

PREAMBULE.

 

 

Chers lecteurs, chers camarades et amis, notre organisation présente ici une espèce  de vue générale de la situation actuelle de la classe salariée.

Plus que jamais il devient nécessaire de clarifier les rapports du syndicalisme avec la politique. C’est le choix délibéré qui imprègne précisément l’exposé qui va suivre.

Car la dégradation, voire la perversion de ces rapports est à coup sûr l’élément le plus déterminant dans la crise patente du syndicalisme ouvrier, crise que personne ne peut plus désormais ignorer.

Ceux qui s' intéressent peu ou prou à l' initiative D.P.I.O savent que nous dénonçons le mélange des genres selon le principe qu' il n' appartient pas plus à un parti politique ouvrier d' agir   dans la création ou la manipulation syndicale qu' il n' appartient à un syndicat de s' investir en tant que tel  dans le travail politique.

Mais de ces principes intangibles, il ne faut nullement déduire que nous préconiserions un syndicalisme en vase clos économique, s' interdisant pour nourrir ses décisions et ses options, toute réflexion, toute analyse et toute éducation de nature politique ou sociale.

Rien n’est plus désastreux pour la classe ouvrière que de se priver des nécessaires références et connaissances qui la concernent au premier chef, qui concernent en conséquence les diverses dimensions de son histoire, de son destin universel.

Cela ne contredit en aucune manière notre vision de l’indépendance syndicale en tant que lutte spécifiquement économique.

Bien au contraire, on ne saurait imaginer une quelconque restriction culturelle ni à la pensée, ni à l’éducation ni à l’investissement militant de la personne physique   dans l’un et l’autre des domaines considérés, à charge naturellement pour chacun  d’agir à la fois dans  le respect de soi-même et des organisations auxquelles il appartient.

Quant à la personne morale, s’agissant précisément d’un syndicat ouvrier, on ne voit ni la nécessité ni l’utilité d’une quelconque autocensure, tant dans l’élaboration de sa stratégie, de son action revendicative que de son expression publique.

En fait, il  s’agît autant ici de clarifier les rapports de la politique et de l’économie au sein même du mouvement ouvrier que de caractériser leur nature de classe.

Car précisément, cette caractérisation, sous forme de rappel historique, constitue elle même la base de la clarification.

La question se pose donc comme suit: sur quelle base commune, politique et économique est fondée  la lutte de la classe salariée, tant pour son progrès matériel et moral que pour son émancipation sociale?

Qu’on le veuille ou non, le mouvement ouvrier théorisé (nous ne parlons pas ici du mouvement spontané n’exprimant rien d’autre que la colère et qui apparu rapidement sous les premières  morsures de l’exploitation, dès la fin du premier empire)  est à son origine un tronc commun si l'on peut dire : la critique scientifique du capitalisme.

Tout au long de son développement, il est inévitablement pétri de cette critique au plus profond de sa substance, au point même qu' en dehors d' elle, il est condamné purement et simplement à la déliquescence.

Ce tronc commun n' est autre que le socialisme scientifique exposé à grands traits au beau milieu du tumulte du 19ème siècle par Karl MARX en collaboration avec Friedrich ENGELS et quelques autres grands militants de leur époque, dans une œuvre impérissable intitulée "Manifeste du Parti Communiste".

Ce même Karl Marx fut en septembre 1864 à l’initiative de la fondation de la première association internationale des travailleurs, sur fond d’un mouvement ouvrier à dimensions européennes qui comme on le sait avait fait en quelques décennies des pas de géant et dont les desseins et la lutte effective se radicalisaient à l'encontre de la classe capitaliste dominante.

L’objet de la Première Internationale était de facto autant politique qu’économique (ou syndical).

Multiples tendances s’y affrontèrent qui posèrent dès le début la divergence entre le caractère nécessairement révolutionnaire du mouvement ouvrier et le mirage du réformisme.

Arriva dans cette période de la première internationale, un premier défi de la classe ouvrière à ses exploiteurs, un premier affrontement, militaire, il faut le savoir: La glorieuse Commune de Paris, de mars à mai 1871 au sein de laquelle s'investirent pêle-mêle politiciens et intellectuels progressistes, syndicalistes ouvriers, sous le mot d' ordre, notamment, de la "république sociale".

Sans entrer dans le détail des vicissitudes prévisibles et de la fin tragique de ce grand évènement, nous en retiendrons ici ce qui est utile à notre propos: le côtoiement politico- syndical dont les "internationaux" furent autant les artisans que les gérants.

Les internationaux est le qualificatif qu’ont adopté beaucoup d’historiens pour désigner les membres (français ou autres) de la première internationale qui prirent une part active à cette page révolutionnaire.

On ne peut manquer de retenir le nom d’au moins deux d' entre eux tels qu’Eugène VARLIN, et Benoît MALON dirigeants ouvriers qui s’illustrèrent notamment dans l’âpreté des luttes qui marqueront  le second empire.

Pourquoi ces deux noms ? Précisément parce qu' ils incarnent par rapport à d' autres grandes figures ouvrières de leur époque, plus orientées vers les tâches politiques tels que Jules GUESDES, Wilhelm LIEBKNECHT et autres August BEBEL, la nécessité de séparation et de spécialisation du mouvement ouvrier en deux branches: économique et politique; séparation qui ne procéda nullement d' un antagonisme ni de quelconque contradiction, bien au contraire, mais qui sera un perfectionnement de l'arsenal de la classe salariée pour son émancipation, et permettra par la suite tant de conquêtes et de progrès pour le monde du travail.

A ce titre et pour sa part, Eugène VARLIN peut et doit être considéré comme le fondateur moral sinon l’inspirateur pratique du Syndicalisme de Classe, traduit un peu plus tard par l’avènement de la C.G.T.

Après ce rappel des fonds baptismaux commun aux parties syndicale et politique du mouvement ouvrier, nous sommes très à l’aise pour fustiger ceux qui plagient aujourd’hui le "bloc" organisationnel qui marqua tout naturellement son adolescence.

Ceux-là prétendent en fait ériger le mélange des genres (dont ils aspirent à assurer le contrôle) en recette miracle  pour la renaissance groupée de la politique et du syndicalisme ouvrier (car c’est bien de CE syndicalisme et de CETTE politique dont il s’agît).

Comment  ne pas comprendre que cette méthode n’est qu’une médiocre cuisine bureaucratique qui non seulement ne correspond en rien aux besoins actuels du prolétariat mais nous promet à l’évidence une réédition OPPORTUNISTE du mélange des appareils.

Mais nous ne sommes pas moins à l’aise, reprenant à notre compte la juste réflexion qui sévissait encore dans les rangs du syndicalisme de classe juste avant qu’il dérive vers la faillite:

" L’anticommunisme est un poison pour la classe ouvrière", pour souscrire à la métaphore selon laquelle, à l’heure actuelle, tout travailleur qui méconnaît  l'inestimable apport du fameux "Manifeste du parti Communiste" de 1848 n’est ni plus ni moins qu'un automobiliste qui roule en pleine nuit sans éclairage!

C’est dans cet esprit c’est à dire sans tabou que nous présentons l’exposé qui suit, y traitant librement des aspects syndicaux et politiques qui caractérisent la situation de la classe salariée dans son ensemble, en prise nécessairement sur son histoire réelle qui constitue qu’on le veuille ou non le patrimoine qu’elle ne peut renier.

 

Nous le ferons ainsi une fois pour toutes dans le souci de ne pas avoir à y revenir, avec la conviction profonde et sincère de rendre service à tout esprit ouvert, et afin que nul n’ignore  le bois dont l'initiative D.P.I.O se chauffe.

 

 

 

 

 

MARXISME ET MARXISME-LENINISME

 

 

Le terme de Marxisme-Léninisme apporte à l’héritage du mouvement ouvrier international un supplément de taille : la vérification pratique d’une théorie déjà fondée elle-même sur l’observation du parcours réel de l’humanité.

Il nourrit notoirement la théorie du communisme  s’agissant de l’étape transitoire qui y conduit: le socialisme, phase de dictature du prolétariat, par opposition à la société dans laquelle nous vivons qui constitue véritablement la dictature de la bourgeoisie.  

Mais surtout, il ouvre la voie à un substantiel enrichissement théorique du marxisme.

Nous ne prendrons ici comme exemple que les célèbres thèses et analyses sur l’Impérialisme en tant que stade suprême du capitalisme, qui sont la base théorique incontournable du marxisme à l’époque actuelle, et en dehors de quoi toute stratégie ouvrière est désormais vouée à l’inanité.

Communisme, Marxisme-Léninisme, trop de gens, trop de peuples de nos jours associent ces termes  à une espèce de subordination à l’histoire d’un pays  étranger: la Russie.

Outre son simplisme grossier cette vision (activement entretenue et véhiculée par la propagande bourgeoise) n’est rien moins  qu’absurde.

Pour le comprendre, arrêtons-nous simplement à nous demander si le capitalisme pour sa part, au-delà de ses diverses formes nationales (lesquelles montrent soi-dit en passant une singulière tendance à s’uniformiser) est l’affaire de l’histoire particulière d’un seul pays ?

A l’heure de tant de gesticulations autour de la fameuse mondialisation, cela donne envie d’éclater de rire.

Ainsi est-il parfaitement clair que les formations sociales qui se succèdent dans l'histoire de l’humanité concernent l’ensemble des humains de la "planète" (mot très à la mode dans la propagande mercantile que l’on sait) même s’ils n’y sont engrenés qu’au cas par cas, et dans des conditions différentes.

De ce point de vue, il ne faut pas craindre de dire que Vladimir OULIANOV, dit LENINE, a apporté à la cause du prolétariat international, outre une démonstration de pratique révolutionnaire exemplaire, une  inestimable contribution théorique et polémique qui est constituée, dans ce qui a pu être conservé et retrouvé, de pas moins de 45 volumes d' une moyenne de 600 pages. De quoi surnommer cet homme à la fois le "BALZAC et le SPARTACUS de la révolution socialiste".

Le lecteur sera sans doute étonné d’apprendre que LENINE, ayant occasionnellement séjourné  en France,   considérait la commune de Paris comme le premier modèle de "Soviet" ayant existé en Europe.

C’est dire à quel niveau de respect et d’admiration il situait cette page d’histoire de notre pays, à propose de laquelle il a écrit un admirable texte commémoratif en 1911.

De toute évidence, ce point de repère ne fut pas sans nourrir dans une certaine mesure sa réflexion et son action dans la lutte acharnée qu'il mena pour la construction du parti bolchevik (mot signifiant "majoritaire" en russe) dont la mission initiale  fut de "faire le ménage" idéologique, si l’on peut dire, et partant, de soustraire l'esprit des  masses au réformisme ambiant.

Bref, tout ceci pour dire que de nos jours où les mystifications vont bon train pour asphyxier les consciences, le mot marxisme  est nécessairement à entendre comme associé au mot léninisme, sous peine pour le prolétariat de se priver volontairement d’une bonne moitié de ses moyens intellectuels.

Ainsi le lecteur ne s’étonnera-t-il pas de l’utilisation libre de thèses et de citations marquantes de Lénine dans la conduite  du présent exposé.

 

 

LES  CRISES  DU CAPITALISME  

 

Il ne fait aucun doute que nous vivons une période particulièrement riche et productive en enseignements de toutes sortes.

Mais il est à craindre que la question cruciale, celle qui est mise au premier plan par les coups de tonnerre de la crise économique actuelle passe précisément inaperçue, pour cause de faillite des appareils ouvriers eux-mêmes.

Cette question est simple:

La classe exploitée doit-elle se contenter de faire profil-bas en quémandant sa survie à la classe capitaliste en difficulté, ou doit-elle au contraire mettre à profit cette conjoncture pour faire valoir ses droits et son rôle historique, cette dernière proposition n’étant rien d’autre que le renversement du capitalisme ?

Nous sommes de ceux qui pensent que le débat sur le syndicalisme, en crise lui-même, ne peut éluder cet aspect essentiel.

Disons le sans ambages : pour l' heure, la bourgeoisie, en tant que classe dominante n'a guère à craindre de ce point de vue, tant il est vrai que la situation est entièrement verrouillée, entièrement sous son contrôle, et qu'elle a de ce fait, pour le moment, les coudées franches pour faire supporter à la classe salariée en toute tranquillité, les conséquences dramatiques de ses turpitudes politico-économiques.

Mais le but de cet exposé n’est pas, pour autant, d’entretenir le découragement ou la résignation, mais plutôt de voir de quoi est faite cette situation de verrouillage et que faire pour en sortir.

Une fois de plus, nous voilà ramenés au vieux débat (aussi vieux que le mouvement ouvrier) entre réforme et révolution.

Mais il faut savoir que si l’histoire a depuis longtemps défini et caractérisé ces deux lignes quant au fond, elle a aussi abondamment brouillé les pistes quant aux formes et aux apparences.

Ce qui fait que la difficulté du jour pour la classe ouvrière et en premier lieu pour les détachements militants ou autres individualités honnêtes et volontaires n'est pas tant de déterminer ses vrais ennemis  que d' identifier ses faux  amis. Nous y reviendrons plus loin.

La crise actuelle qui promet des affres dont on n’a pas idée n’est ni une surprise ni un accident de parcours du système.

Il est démontrable et amplement  démontré que le capitalisme est par principe un système à crises (expressions de la loi générale qui ponctue les soubresauts périodiques de la surproduction)   non seulement inévitables mais fondamentalement nécessaires à sa pérennisation.

Le cours du 19ème siècle, c’est à dire du capitalisme en plein essor, foisonne littéralement de crises partielles ou générales, industrielles et  financières, dont évidemment la classe ouvrière fait invariablement les frais.

Par la suite l’impérialisme entre en lice, mêlant d’office ses crises à des horreurs militaristes et autres aventures épouvantables tels que les deux guerres mondiales.

Du voisinage de 1900 que la fantaisie a qualifié d’âge d’or, au  grand séisme universellement connu de 1929 qui rebondit au cours des années trente, ces crises ne font que s’amplifier, s'approfondir au niveau de  leurs conséquences.

A la suite de la seconde guerre mondiale, elles continuent  d’imposer leur rythme accentuées par les contradictions liées aux destructions massives de la guerre.

Après une sensible accalmie que les commentateurs bourgeois se plaisent à appeler "les trente glorieuses", un type de crise nouveau apparaît au début des années soixante dix correspondant sans aucun doute à de nouvelles donnes dans la situation mondiale.

Nous qualifierons cette crise de larvée, d’interminable, à savoir: sur fond permanent de difficultés inextricables et d’expédients continuels autant économiques que géopolitiques, le système est périodiquement travaillé par des accès de fièvre successifs, plus ou moins prononcés.

En fait il ne s’agît plus désormais de crises ponctuelles  trouvant peu ou prou une issue, mais d’une crise structurelle d’usure dans laquelle se manifestent des saillies.

La crise actuelle superpose donc deux effets:

 

1) Celui des contradictions inscrites dans la genèse et les  mécanismes propres au système mais qui ne se traduisent que  lorsqu' elles atteignent leur point de rupture.

2) Celui lié à une difficulté  majeure de l'exploitation économique arrivée au mur de l’expropriation des capitalistes par eux-mêmes, à une dimension insoluble et explosive.

 

Cette situation critique, est par ailleurs aggravée dans le présent accès  par un ressort supplémentaire et de taille celui-là: la négation délibérée par la classe dominante elle-même, du fondement de son système: la loi de la valeur liée au travail productif, et partant l’oubli du lien indissociable entre la plus-value (surtravail extorqué à la classe ouvrière) et le profit qui n’est autre que sa conversion sous forme argent.* (Note 1)

Fuite en avant chimérique,  réponse illusoire à la baisse tendancielle du taux de profit démontrée par la théorie économique de Karl Marx, cette négation s’est exprimée par un long processus de décomposition industrielle, de près de trois décennies, accentuant toujours plus le vecteur centrifuge auquel est naturellement soumise la masse des capitaux et qui les déporte de l’activité  vers le cercle infernal " accumulation- spéculation".* (Note 2)

Généralement, le corollaire de ce jeu à l’argent facile et massif est double: d'une part le frein direct à  la création de valeur marchande et d’autre part la neutralisation de masses de capitaux considérables par le court-circuit de la consommation (le luxe capitaliste essentiellement), et par gaspillage dans la lutte implacable des concurrences.

On se trouve alors dans une spirale de conflit d'une violence décuplée entre le capital financier devenu un monstrueux corps parasite et le capital industriel, c’est à dire entre la spéculation, le commerce des capitaux et l’activité productrice qui nourrit tout cela.

Mais dans la phase particulière qui s’annonce, le retour douloureux, inévitable, à la fameuse loi de la valeur que l'on observe habituellement dans l’histoire semble, selon une tournure quasi militaire, purement et simplement contesté; à savoir que, s’agissant du profit, nul ne veut en céder en dépit de son hypertrophie générale*(Note 3), et qu'en tout état de cause, il n'est pas question d'un quelconque régime d'amaigrissement, mais simplement d'une guerre de redistribution, de repartage!

On s'accuse, on se montre du doigt, on essaye de s'acquérir "l’opinion", mais que l'on ne s'y trompe pas, cette guerre est toute relative, c’est une guerre de rapine entre soudards du profit sur fond d’identité de classe, identité d’obligation et de but: l’exploitation croissante des masses et à tout prix.

Il y a de quoi rire quand on entend les discours fêlés des gouvernants sur le retour aux bonnes vieilles vertus bourgeoises du travail "normal" (c'est à dire l'extorsion de travail gratuit à la classe salariée) du capital et de la récompense méritée!

Soyons sérieux, le capital financier n’est-il pas alimenté par la coagulation et l'accumulation du capital argent industriel lui-même? C’est à dire d’une masse de valeur sous sa forme pure qui s'évade soit pour un temps, soit définitivement de son cycle actif immédiat?

Financiers et industriels ne personnifient-ils pas deux formes successives  du capital social au cours de son cycle?

Pour être les frères ennemis qui se disputent le gras de la plus value (intérêt d'un côté,  profit d'entreprise de l’autre et rente pour la propriété terrienne), n'en sont-ils pas moins cul et chemise jusqu'à parfois et même souvent être une seule et même personne dans le jeu de rôles cynique de l’exploitation du travail d’autrui ?

« Haro sur les plumeurs du CAC 40, les gros actionnaires les patrons trop payés » (tautologie à la mode) entend-on dans la bouche des néo populistes ! … mais qui peut croire que dans ce bain purulent ceux qui sont plumés n’ont pas d’autres perspectives  que de plumer sans vergogne à leur tour.

« Haro sur les grand patrons qui licencient alors qu’ils croulent sous le profit » entend- on à l’unisson! ... mais quelle différence entre un capitaliste qui jette ses salariés pour accroître son profit, celui qui le fait pour le maintenir, et celui qui le fait pour y revenir! Aucune! Ces trois situations d’apparences différentes ne font qu’exprimer une seule et même contradiction de classe, un seul et même antagonisme inconciliable d’intérêts.

Car on pourra parfaitement retrouver un jour notre troisième larron avec son air innocent...dans la peau du premier!

Grande économie contre petite, malhonnêteté ou exagération contre mérite d’enrichissement légitime serait donc le niveau de platitude auquel on voudrait réduire le débat et la conscience publique.

Non, ce qu'il faut retirer de tout ce fatras de bavardages c' est qu' en vérité le capital dans toutes ses composantes est prêt aujourd'hui à en découdre avec sa propre loi fondamentale, la loi de la valeur, et que la signification in fine de cet inimaginable bellicisme (voir la furie des prix notamment dans les secteurs de l' immobilier et des matières premières) n'est autre que l'écrasement sans pitié des masses exploitées  et en premier lieu du prolétariat mondial.

C’est bel et bien sous cet angle qu’il convient de considérer la conférence de Londres qui a réuni la clique des bandits qui dirigent le monde, à la recherche des moyens de maintenir le règne mondial des privilèges de la bourgeoisie.

Passons (si l’on peut dire) sur le coût de ces dérisoires singeries médiatiques coutumières des fameux "sommets",  dont le montant des factures, des  têtes d'affiche aux porteurs de burettes, permettrait  de nourrir pas mal d’affamés.

Mais, à défaut, comme ses homologues, d’une quelconque utilité pour le monde des exploités, celui-là aura eu au moins le mérite d’indiquer les 2 principaux  soucis actuels de la classe dominante:

1) Faire sa propre police économique, juridique, fiscale, etc. afin qu’aucun des seigneurs du grand tripot ne puisse s’accaparer un surplus de pactole au détriment ... de ses pairs!

2) mettre au point, en concertation, la trame commune des moyens de mystification des masses, à savoir: quelques miettes de capital converti en morphine sociale, et en revanche, des mégatonnes de propagande; une intoxication idéologique massive pour arracher le consentement à plier toujours plus l’échine!

Voilà tout le sens politique du tapage officiel de cette conférence sur les paradis fiscaux et autres parachutes dorés, joint aux bavardages gratuits sur le prétendu soutien social des gouvernements, dont on a abreuvé la naïveté publique et qui ne fait qu’illustrer la rhétorique hypocrite de la clique sarkozienne, président en tête.

Précisément, ce serait à contrepied de ces deux soucis que les prolétariats, les classes salariées des pays les plus avancés, devraient entendre les mots d’ordre et le discours fédérateur représentant leurs intérêts du moment.

Mais où sont-ils et que font-ils aujourd’hui, ceux qui sont censés être les dépositaires de ces intérêts? C’est très simple, nous le dirons une fois de plus: ils sont passés à l’adversaire de classe, un point c’est tout.

 

L’ADMIRABLE  LEÇON DU PETIT PAPILLON.

 

Ce n’est pas pour rien que nous évoquons la richesse en enseignements de la période actuelle. Période faite sur le fond  du fameux commerce bureaucratique des syndicats véreux alternant avec des grand-messes périodiques purement rituelles le tout enfonçant un peu plus chaque saison, pour ne pas dire chaque jour, la condition générale des salariés.

Dans cette routine désolante, s’est brusquement produite une vigoureuse éruption sociale localisée: La GUADELOUPE.

Au- delà de la propagation plus ou moins amortie observée à la Martinique et à la Réunion, (les R.G et les cireurs de bottes veillent), l'enseignement majeur de cet épisode de la Guadeloupe dépasse de loin son objectif revendicatif. Et surtout, il devrait inspirer une certaine retenue à certains propos réactionnaires  qui au delà de leur indignité à l'égard des populations des DOM-TOM, ne font qu’exprimer les intérêts des suceurs de sang BEKES!

Car il est clair qu’on n’a pas eu à faire à une action populaire et ouvrière en vrac sous la seule poussée de la misère et du mécontentement.

Une fois de plus a été démontrée la nécessité du schéma incontournable, condition du succès de tout mouvement social et en particulier de tout mouvement économique: l’existence préalable d’une force dirigeante organisée suffisamment ancrée dans les rangs de la base.

Il ne fait aucun doute en effet que le L.K.P (initiales du créole "Lutte Kont Profitation") a été le ciment d’une lutte organisée et préparée de longue date, et qui plus est échappant à toutes les formes de sabotage, lesquelles n’ont sans aucun doute pas manqué, de toutes origines.

Pour être clair, cet admirable mouvement, par son organisation, sa détermination, son inflexibilité, son unité, et surtout son solide enracinement dans la population exploitée (tout est là!)  a fait visiblement échec, à toute récupération, désamorçage et autres manigances du bloc répressif patronat, pouvoir  et marais syndical. Chance que n’eut pas, comme on peu s’en souvenir, le grand mouvement du secteur public de 1995!

Mais cette chance précisément, ne peut être venue toute seule. A coup sûr, la population s’est donnée à l' avance une direction en laquelle elle avait confiance, comme une partie d’elle-même, propre à éviter ou déjouer les pièges d’une bureaucratie parvenue fricotant peu ou prou avec les institutions!

Voilà l’enseignement majeur de ce mouvement qui peut et doit faire école en tant que réhabilitation du modèle traditionnel de lutte de classe que les prolétariats  des pays avancés en général et français en particulier semblent avoir laissé en panne: l’outil d'abord, la lutte ensuite.

Quelle distance entre ce glorieux modèle et la puanteur qui émane du terme à la mode "partenaires sociaux".

Ce qui signifie en référence à la présente période que lorsque l’outil est devenu impropre à la lutte, on ne peut se dérober à la tâche prioritaire de le refaire!

Nous le disons haut et fort: vive les travailleurs, le peuple guadeloupéen et autres, exploités, "esclavisés", humiliés dans la dépendance et l’indignité de l’impérialisme français et de ses laquais, de  ses acolytes de tous poils et de toutes origines sur place.

On peut se demander pourquoi les populations du G8 dont nous faisons partie se sont contentées de regarder avec condescendance la pugnacité victorieuse du petit papillon lors même que ce sont elles qui auraient dû depuis longtemps être à ce genre d’initiative.

Mais en même temps, on ne saurait s’en étonner à l’écoute du discours révoltant d'un cireur de botte capitulard comme Bernard THIBAULT qui a osé établir dans la situation des exploités de la "Métropole" une espèce de mieux-être  par rapport à celle des DOM-TOM! En quelque sorte un véritable satisfécit colonial!

Nul doute que si ses "maîtres" expriment leur reconnaissance à la hauteur du service rendu, cet homme n’aura pas de problème de ressources pour sa retraite!

N’y-a-t-il pas là une autre admirable preuve que misère, galère et mécontentement des masses ne sont en fait que les conditions et la force potentielle du mouvement social lors même que l’action particulière de ses détachements organisés les plus conscients en est l'étincelle, l'âme indispensable. Et qu’en dehors de ce schéma, il n’y a qu’immobilisme et déchéance, ou aventures et déconvenues!

Quelles que soient les suites de ce combat, et l’on peut imaginer que le patronat local ultraréactionnaire fera tout pour contrecarrer la portée de ce mouvement, il reste en tout état de cause que "le petit papillon"  aura bel et bien montré l’exemple au grand hexagone! C’est le monde à l' envers!

Et ceux qui ne seront pas capable d’analyser cette  lutte pour comprendre enfin le ridicule, le dérisoire et surtout la fourberie du syndicalisme à la petite semaine, mode Thibault, Chérèque et Consorts et en tirer les conséquences qui s’imposent seront définitivement perdus pour les tâches à venir.

 

LA QUESTION CRUCIALE DU NIVEAU DE CONSCIENCE DE CLASSE DANS LES MASSES.

 

Toutes les phases historiques importantes de la lutte économique de classe ont connu la réactivation de sa forme massive, celle qui reconstitue sous une unique direction la formidable armée des travailleurs, consciente, unie et déterminée et en conséquence au maximum de sa puissance.

Cette forme épisodique est nécessairement liée à une perception radicalisée et uniformisée des revendications,  donc dépouillées de tous les accessoires corporatifs qui caractérisent les différentes branches d’activité.

Il est particulièrement intéressant, dans la période présente, de comprendre comment et surtout pourquoi la lutte économique atteint périodiquement ce genre de "point d’éclair".

Pour cela, que lecteur veuille bien nous suivre...

La volonté d’émancipation, latente mais diffuse et désordonnée dans la masse des  travailleurs est le produit naturel de tout système d' exploitation.

Elle génère tout aussi naturellement une double prise de conscience:

1) sur l’état de la condition ouvrière par rapport au calendrier de l’histoire.

2) sur l’identité ouvrière  de la classe salariée toute entière, ferment indispensable à l’unité et à la  solidarité.

Mais cette double prise de conscience ne se développe et ne vient à maturité que dans les esprits où elle est sans cesse et de manière volontaire nourrie et instruite, jusqu' à devenir un attribut intellectuel inséparable de la personne. Au total, elle n’habite que des détachements réduits de la classe salariée, des masses exploitées, détachements auxquels, de facto,  échoient non seulement la capacité mais aussi le devoir de constituer et de PROCLAMER (c’est à dire de proposer aux masses), les structures organisées, permanentes que l’on désigne communément par le terme" directions ouvrières" mais qui ne le deviennent véritablement qu' à l'épreuve du temps  de l'assentiment collectif et des luttes.

A l’appui de cette exposition des choses, l’histoire montre que:

1) les masses en général et à l' exception des dits détachements, n’ont qu’une perception rudimentaire de leur condition, de leur appartenance de classe, qui reste toujours dans la proche orbite de l’instinct de conservation sociale, et oscille entre l’individualisme et l’attirance confuse d’une solidarité simplement ponctuelle, schéma exprimé on ne peut mieux par les fameuses coordinations qui ne sont autres que les plus dangereux instruments  de démolition de la conscience de classe.

En tout état de cause, à l’état naturel, elle ne dépasse jamais le cercle de la corporation et se réduit même le plus souvent à celui de l’entreprise.

2) que l’instinct dont nous parlons ne peut être transcendé vers l’action de masse au niveau nécessaire que si  une influence régulière agît sur l’intellect de la classe exploitée, y élit domicile et autorité morale, si l’on peut dire, par la confiance et l’estime, pour déclencher, cette fois, une perception instruite et active  là où il n’y avait encore qu’instinct.

C’est alors, et seulement alors, que la classe dans son ensemble peut entrer en mouvement sur la base de connaissances et de convictions nouvellement acquises, grâce à l’effort constant et persévérant des détachements indiqués.

C’est cette configuration sociale qui représente la concordance exacte entre les principes énoncés par les mots et l’ampleur du phénomène qui passe dans les faits: la lutte de classe et de masse.

3) qu’en dehors de cela, pour être un peu imagé, " la pâte ne monte pas" ... l'individualisme triomphe irrésistiblement. La lutte de masse organisée et solidaire le cède  dans le meilleurs des cas à des  convulsions sociales éparpillées  que les exploiteurs ne craignent pas.

Car il ne faut pas se leurrer, l’individualisme n’est pas automatiquement soluble dans la misère laquelle ne suffit pas à elle seule à pousser les masses à la phase décrite, comme trop de gens le croient versant ainsi dans une certaine forme de stoïcisme.

Mais écoutons VARLIN à titre posthume sur cette question de la conscience de classe qu’il lie de toute évidence à un comportement nouveau, plus collectif, des individus. Voici un extrait de ce qu'il écrit dans un article du journal "la Marseillaise du 11 Mars 1870:

"Une des plus grandes difficultés que rencontrent les fondateurs de sociétés ouvrières de tous genres tentées depuis quelques années, c' est l' esprit d' individualisme développé à l' excès chez la plupart des hommes et même chez ceux  qui comprennent que, par l' association seulement, les travailleurs peuvent améliorer les conditions de leur existence et espérer leur affranchissement. Eh bien les sociétés ouvrières ont déjà cet immense avantage d’habituer les hommes à la vie en société et de les préparer ainsi pour une organisation sociale plus étendue.

Elles les habituent non seulement à s’accorder, mais à s’occuper de leurs affaires, à s'organiser, à discuter, à raisonner de leurs intérêts matériels et moraux; et toujours au point de vue collectif (souligné par nous)"

De toute évidence, on perçoit dans cette assertion de VARLIN le germe de toute une vision de la société future dont l’objet fondamental est de supprimer la prison de l’individualisme.

Du même coup on peut mesurer à la fois la difficulté de cette tâche autant que son impérieuse nécessité, mais surtout, le rôle irremplaçable de l’outil organisationnel pour l’accomplir, à la  fois en tant qu’éducateur et gardien de la solidarité, de l’estime et du respect mutuel, même dans le désaccord.   

Il est donc parfaitement clair pour VARLIN que la fameuse conscience collective (qui ne peut voir le jour qu’aux frais de l’individualisme), celle qui est seule de nature à mobiliser, à mettre la masse des travailleurs en mouvement pour LEURS INTERETS DE CLASSE n’a rien de spontané, ni d’automatique.

Bien au contraire, elle ne peut être que le produit  de l’organisation ouvrière.

On perçoit les ravages qui peuvent sévir dans le monde du travail et donc la vulnérabilité qu’il présente aux prédateurs capitalistes, lorsque  cet  "outil" fait défaut.

 

Pourquoi arrivent-t-on périodiquement à la situation du "vase social" qui déborde, le fameux vase qui peu contenir les coups portés, disons, aux intérêts ouvriers, par la classe capitaliste.

Là aussi sévissent les illusions du fameux stoïcisme. Car la contenance du "vase social" n’a strictement rien d’absolu qui tôt ou tard serait soi-disant dépassé. Elle n’est que relative, fonction de chaque époque et déterminée tout bonnement par ce que la classe salariée veut bien ou ne veut pas accepter.

C'est tout simplement la lutte idéologique permanente entre le  camp des exploiteurs et la conscience collective, cette conscience de classe immédiate du prolétariat tout entier en tant que pur produit de l’éducation, qui détermine la "contenance limite du vase".

Ce n’est que de cette manière que se produit le rejet moral massif du préjudice général imposé par le patronat, la bourgeoisie,  liquidant d’office, par la volonté des masses cette fois,  les formes "artisanales" de la lutte revendicative ponctuelle.

Une telle atmosphère implique forcément le recours à l’arme suprême dont dispose la classe exploitée pour contrecarrer sa déchéance et son avilissement: LA GREVE GENERALE.

Selon les cas, la poussée sociale exprime soit la volonté générale de refuser le recul, de rattraper un retard accumulé, ou dans la meilleur des cas de conquérir de nouvelles positions, en réponse aux prétentions et exactions, effectives ou envisagées, de la classe capitaliste.

 

 Voici donc démystifiée l’image du fameux point d’éclair qui n’est en fait qu’une apparence selon laquelle un mouvement social se déclencherait simplement de lui- même parce-que les conditions en seraient réunies (notamment le mal vivre du peuple jusqu' à la misère) indépendamment de toute activité subjective.

L’exposé ci-dessus montre à quel point une telle supposition est erronée. Mais surtout à quel point elle permet à certains petits malins de rejeter la responsabilité de leur faillite ou de leur capitulation sur les masses  elles-mêmes.

A ce point, il convient de prendre de la hauteur pour mieux cadrer l'état actuel du mouvement ouvrier au niveau de ses attentes propres d’une part, et de l’attitude de ses appareils traditionnels en place, d’autre part.

Nous invitons le lecteur à ne pas  borner  sa réflexion à la France, mais plutôt à concevoir que présentement, nous avons à faire à une crise mondiale qui soumet d’office tous les prolétariats nationaux aux mêmes perspectives.

Voici:

Les périodes dites de crise sont particulièrement propices au mouvement ouvrier à une condition: que s’y produise la rencontre d’un regain de conscience (celle dont nous parlons plus haut) et d’une morsure plus douloureuse de l’exploitation.

C’est uniquement cette circonstance qui libère et décuple les forces de l’ensemble du prolétariat, débouchant inévitablement sur une lutte de masse, soit simplement revendicative c’est à dire restant dans le cadre du système, soit  à caractère révolutionnaire, politique, c’est à dire objectant au système et mettant en jeu l’aspiration à en sortir.

On pourrait penser que ces deux types de lutte peuvent se déduire l’une de l’autre et en particulier que la première engendre automatiquement la seconde.

En vérité, il n’en est rien, ce qui a été amplement démontré, tant par la pratique historique que par la théorie.

La seule chose dont on puisse parler sérieusement est  leur lien généalogique, en quelque sorte, qui leur confère l’interactivité, la complémentarité, mais nullement la commutativité. Elles marquent des voies différentes du point de vue des rapports objectifs  et intellectuels qui échantillonnent la société.

Et si en tout état de cause elles peuvent et doivent se stimuler mutuellement, et si même on se doit de dire que l' absence de lutte politique indépendante constitue pour les masses exploitées un handicap de taille, il reste que la lutte économique de classe, donc l'existence  d'un appareil spécifique, demeure en toute circonstance historique (ceci jusqu' à la disparition absolue de toute trace d' exploitation), l' impérieuse nécessité de la classe ouvrière.

C’est dire à quel niveau d’importance se situe ce débat à l’heure actuelle.

 

TEMPS DE CRISE, TEMPS DE MAQUIS SOCIAL POUR LA CLASSE SALARIEE.

 

Nous venons de voir dans l' exposé sur la conscience des masses comment ce qui n' est qu' une simple fermentation sociale quasi-permanente certes, mais simplement spontanée, devient par le travail militant de ce qu'on nomme les directions ouvrières, une véritable éruption dans laquelle la masse atteint la forme et le comportement d'un être collectif, animé pour ainsi dire d'une volonté combattive.

Le propre des temps de crise est de présenter les conditions objectives optimales pour concentrer et mettre en cohérence le mécontentement général épars et de conduire par ce moyen la classe salariée vers l’affirmation concrète de son indépendance.

Ce qui signifie: foin de l'alignement sur les impératifs du système, foin des compromis institutionnels etc....

Mais parallèlement, ces conditions plus stimulantes offertes sur les deux plans (politique et économique) au mouvement  dans les périodes de crises  sont assorties comme on peut s'en douter de devoirs supplémentaires pour les directions ouvrières.

Sans préjudice donc pour la question de la lutte révolutionnaire, éminemment politique, et sans revenir un seul instant  sur le fait évident que cette question essentielle est bel et bien posée par la situation actuelle du monde dans les pays les plus avancés, parlons ici de ce qui intéresse avec urgence les partisans de la reconstruction du syndicalisme de classe: la lutte économique.

L’élément qui s’impose d’office à toute analyse de la situation actuelle est le niveau déplorable de conscience de classe immédiate dans les masses telle que nous l’avons définie plus haut et qui témoigne de la faillite  totale des organisations existantes dans le domaine de l’éducation, du moins telle que la conçoit l’héritage culturel de la classe ouvrière.

A proprement parler, il serait plus juste de dire que tous  les appareils syndicaux traditionnels (qui comprennent désormais le cocktail anarcho-travailliste de S.U.D, échappés de la C.F.D.T à la fin des années 80), se sont transformés en système global  d' "éducation contraire" qui a pour trame l’intoxication réformiste. Tant par les discours que par les actes.

Autrement dit, derrière ses apparences de diversité de sensibilités ou de méthodes, l’ensemble du système syndical français est d’une unique étoffe idéologique: le renoncement à l’indépendance revendicative au bénéfice  de la classe dominante.    Dés lors donc que les directions ouvrières en vue s' attachent a entraîner les masses dans une espèce de corruption passive faisant allégeance au capitalisme en crise, là où celle-ci précisément, ne pourrait que favoriser la montée en puissance de la conscience dans les masses et une meilleure saisie des intérêts de classe, il devient grave de ne pas voir la seule réponse possible désormais, à cette pyramide de malfaisance qu' est devenue de la base au sommet le syndicalisme traditionnel.

 

Nous ne nous étendrons pas ici sur l’énoncé de cette réponse qui est notre raison d’être fondamentale et dont le lecteur peut prendre connaissance en détail dans toute notre littérature, notamment  sur ce site D.P.I.O.

L’opinion générale du monde salarié exprime indéniablement  de ce point de vue un profond rejet, voir un certain dégoût.

Certes, ce rejet n’est pas toujours lui-même d’origine très pure et très honnête.

Il est ici et là entaché d’un individualisme sournois, autrement dit d’un refus viscéral dissimulé de toute organisation ouvrière.

Mais au-delà de cette précaution de discernement, qui sépare l' aversion pour le syndicalisme en général et de tous temps du juste mépris pour la sale besogne accomplie par CE syndicalisme corrompu d' aujourd'hui, il devient chaque jour plus évident  que la nécessité d'un grand mouvement social à l' encontre de l' audace actuelle des capitalistes, en vue d'un regain général de la condition ouvrière et populaire,  fait peu à peu sa place  dans  les esprits.

Autrement-dit, les conditions de légitimité et d'urgence pour que la conscience prolétarienne   "prenne le maquis" progressent.

Mais pour l' heure, face aux terribles coups du capital,  on reste pieds et poings liés, prisonnier de cette incroyable configuration où ceux qui devraient promouvoir et diriger le mouvement travaillent assidument à le contrecarrer, dans l’entente avec le camp d’en face!

Comment est-ce possible par le seul pouvoir de "ceux" que nous désignons?

Mais précisément, ils ne sont pas seuls.

Leur déchéance  entraîne l'échantillon le plus faible de la masse des salariés comme une dynastie royale en disgrâce aurait toujours avec elle une partie de la Cour".

Nous avons toujours dit que le marasme syndical avait deux pôles dont un est prépondérant: le manquement  des directions ouvrières.

L’autre pôle est inévitablement le complément du premier. C’est d' abord l’avilissement puis le dépérissement total de l’intellect ouvrier, de l’intellect prolétarien en général, au sein des masses.

C’est dans cette mauvaise soupe que se détermine peu à peu l’échantillon de ceux qui pensent pouvoir toujours y retrouver leur compte.

C’est la situation dans laquelle on se trouve à l’heure actuelle.

Nous avons dit aussi que ce phénomène de dégradation se manifeste comme une espèce de résonnance sociale qui fait que, jusqu' à un certain point, si l’on n' approfondit pas les choses, on ne sait plus trop, entre les directions  et la masse des salariés, qui a déclenché le phénomène, en quelque sorte, qui a corrompu l'autre.

On prendrait ainsi pour argent comptant  que la corruption idéologique est là par simple fatalité, par simple hasard de l’histoire, comme une espèce de peste qui frapperait de malédiction le monde des exploités.

Notre organisation ne donne pas dans cette considération simpliste, tout comme elle répudie le schéma non moins simpliste du seul besoin de changer les appareils corrompus  pour que tout reparte en bon ordre!

De ce point de vue, nous renvoyons à nouveau le lecteur vers notre littérature statutaire.

En fait la corruption (collaboration de classe) est venue d’en haut, des directions syndicales c’est un fait indubitable, mais peu à peu elle a gangréné une certaine partie des masses, consciemment ou non, par le discours et la pratique régulière d'une espèce de rituel syndical insignifiant car dépourvu de tout contenu de classe.

Impuissant donc aujourd'hui, cela va de soi, à faire reculer la prédation capitaliste imbue de son audace et dont le comportement actuel n’est rien d’autre que celui d’un fauve affamé dans un troupeau d’herbivores!

Le syndicalisme failli est donc à voir désormais comme un monde à part,  communautaire pour ainsi dire, mais pas seulement au niveau des appareils traditionnels, au niveau également de la fraction des masses qui persistent à se manifester sous leurs enseignes et se suffit de  son  expression revendicative comme d'une espèce de second parlementarisme.

On ne peut faire moins que de qualifier ce phénomène de corruption passive, dont le pendant, à l’autre bout est le fait de penser  qu’on puisse tirer son épingle du jeu en cassant tout dans son coin.

Encore ici un autre genre de polarisation: la piétaille du réformisme d'un côté, les excités de l’anarcho-syndicalisme de l’autre!

Lourde responsabilité de directions ouvrières dans cette funeste pagaille, mais de cela, nous en reparlerons plus loin.

Toujours est-il que le syndicalisme « faillitaire » possède de la sorte sa "claque", laquelle n’a en tout et pour tout d’utilité que celle d’entretenir son existence parasite.

Nous sommes ainsi en présence d’un système complètement factice qui constitue une véritable  armure pour la classe dominante.

C’est donc cet ensemble qu’il convient de liquider, sachant qu’il est à coup sûr minoritaire et de loin par rapport à la masse de mécontentement et de colère des exploités.

Mais revenons aux conditions créées par la crise actuelle et à ce que peut signifier dans les conditions décrites l’expression que nous utilisons: "prendre le maquis social"

Le bon sens indique sans l’ombre d’un doute ce que devrait être le niveau de riposte à l’audace et aux prétentions capitalistes qui marquent cette crise de son sceau particulier, inédit pourrait-on dire.

Il est évidemment tentant d’entretenir comme certains le font, l’illusion que c’est dans les luttes elles-mêmes (mais quelles luttes et sur quels mots d’ordre et à l’incitation de qui) que se trouve la clé de l’assainissement, de la relance du syndicalisme de classe.

Rien n’est plus faux,  nous y viendrons plus loin.

Car ce genre de fiction bon marché ne fait que mettre la charrue avant les bœufs.

S’il s’agît simplement de casser le monopole des jacqueries actuellement en cours, et jalousement tenu par la trahison, on ne voit pas l’utilité d’un tel schéma, ne faisant que morceler un peu plus les luttes et démanteler un peu plus la conscience collective.

Mais s’il s’agît du niveau de riposte dont nous parlons, c’est à dire la grève générale alors on tombe sous le coup de l’art militaire pur et simple. On ne peut s’y dérober. Or, n' importe quel esprit lucide comprend que la victoire d’une armée ne dépend pas que de ses forces potentielles mais aussi, et souvent principalement, de la façon de les mobiliser et de les utiliser.

Ici se rencontrent tous les éléments du combat: Enjeu, stratégie, tactique, état-major.

Posons- nous donc  les bonnes questions:

1) A partir de la pétaudière corporatiste et individualiste actuelle, quelle base revendicative commune,  peut émerger d’un coup et faire l’unanimité, base de mobilisation générale en dehors de laquelle ce n’est même pas la peine d’envisager le moindre mouvement face à la logistique et aux moyens actuels de l’adversaire de classe.

2) A part nos "faillitaires" devenus valets du système, de quel état-major, c’est à dire de quelle organisation connue, reconnue, honnête, dispose aujourd'hui  le prolétariat pour conduire la préparation et le déclanchement d’un tel affrontement et en assumer le succès jusqu' au bout, puis la suite pour éviter toute réplique et tenir comme il se doit l’adversaire en respect.

Si la théorie selon laquelle  les  luttes doivent à présent  venir au secours du vide organisationnel répond à ces deux questions sans se couvrir de ridicule, alors nous sommes prêts à faire amende honorable! (le lecteur verra à ce sujet l’analyse faite au chapitre "Reconstruction et grève générale")

Mais il faudrait pour cela (ce que nous verrons à l’aboutissement  de cet exposé) que l’histoire du mouvement ouvrier ORGANISE n’ait pas déjà démontré le contraire.

Dans la situation présente, la métaphore du "maquis social" ne vise donc pas l’entrée en lutte elle même mais son préalable incontournable, la constitution de l’outil inexistant. Pour ainsi dire l’appareil de guerre économique du prolétariat débandé par la bourgeoisie.

Elle s’adresse par ailleurs, à priori, aux éléments sains du militantisme ouvrier, avérés ou potentiels, disséminés par rapport au marasme actuel, mais s’ interdisant de renoncer à leur droit d’aînesse pour un quelconque plat de lentilles et demeurant ainsi dignes de l’héritage.

C’est d' abord à cet échantillon que revient la tâche organisationnelle assimilable à un véritable maquis c’est à dire qui se fait en marge de l’espace conventionnel,  et dont le travail initial, SOUS SON ENSEIGNE PROPRE, n’est autre que la désintoxication et la rééducation des masses exploitées mettant de fait au rebut les appareils malfaisants (de bas en haut).

 

Notes :

1) Exposé de base sur les catégories économiques marxistes.(cf page 5)

La formation sociale capitaliste est fondée sur la production et l’ échange de valeurs marchandes dont la  source essentielle est le travail créateur accompli par la classe ouvrière, c’ est à dire l’ ensemble des travailleurs utilisés au temps et au lieu des divers  procès de production.

Soulignons que les valeurs marchandes ne se réduisent plus de nos jours aux seuls objets matériels. Avec le développement de la société, l' évolution des besoins a fait apparaître ce que l' on nomme des "services", lesquels, tout en ne donnant lieu à l' apparition d' aucun objet, n' en cristallisent pas moins leur valeur dans l' effet consommable immédiat qu' ils produisent.

Quant à la mesure de cette valeur, ce qui lui confère l’échangeabilité, elle n’est rien d’autre que le temps social moyen que dure le procès indiqué.

Naturellement, cette définition au sens strict ne méconnaît aucune étape du dit procès qui de nos jours, par rapport à sa forme basique d’ origine, est devenu très complexe, et inclue de fait des catégories de travailleurs qui ne sont plus exclusivement manuels.

Mais il demeure que le seul agent de la valeur sur laquelle est assise le système, reste après comme avant l’ acteur immédiat du procès de production, quelle que soit la nature et la forme du produit.

La qualité de « valeur » ou valeur d’échange s’applique à tout produit marchand, qu’il soit lui-même un moyen de consommation ou un moyen de production, c’est à dire un bien matériel entrant à son tour dans un quelconque procès de production.

Il résulte de cela que la valeur d’un produit jeté dans la circulation du marché est l’addition de deux segments radicalement différents :

1) la partie qui transmet généralement sa  valeur, et strictement sa valeur, à la hauteur de la quantité consommée, soit physiquement, soit virtuellement par fractions. (Ce que l’on nomme   « amortissements »), cette partie se désignant par le terme de valeur simplement transmise, soit « capital constant »

2) la partie créée de toute pièce dans le procès de production lui-même par la seule action  de la force de travail sociale qui y est affectée. Cette partie de la valeur du produit se désigne par le terme global de « valeur créée » c’est à dire entièrement nouvelle.

Ce deuxième segment donne lieu à une répartition sociale qui n’a absolument rien de naturel ni d’immuable,  fondée  sur le postulat historique de la propriété, et qui détermine une part destinée à la stricte  reproduction de la classe travailleuse et une autre que s’approprie la classe capitaliste, (tenants du capital social constitué de l’ensemble des moyens matériels de l’économie). 

De cette subdivision naît la terminologie de plus- value, puisqu’ aussi bien, elle implique de fait  un fonds dit « capital variable » (on comprends pourquoi) destiné à la classe laborieuse préalablement à la mise en circulation du produit, et qui fixe en soi à l’avance l’équivalent de la partie de valeur créée par elle  et destinée à acheter sa subsistance.

Il s’en suit que la partie restante de la valeur créée constitue pour la classe capitaliste  un excédent sur le capital total avancé, justifiant  sans conteste le terme de « plus-value »

On est bel et bien là en présence du schéma de l’extorsion, laquelle se traduit  in fine par l’apparition d’un excédent sous forme argent connu sous le nom de profit.

 

Prochainement sur ce blog D.P.I.O :          

 

2) Exposé sur le caractère normal et implicite de la spéculation financière sous le capitalisme (cf page 5)

3) Exposé également  sur la contradiction apparente entre la baisse tendancielle du taux de profit et ce que nous appelons l’hypertrophie générale du profit.(cf page 6) 

 

 

Suite à paraître prochainement : Etude sur le réformisme.

 

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