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25 mars 2007 7 25 /03 /mars /2007 13:09

 

II- DEUXIEME PARTIE :
OBJECTIFS REVENDICATIFS IMMEDIATS ET GENERAUX.
METHODES, PRINCIPES ET MOYENS D'ACTION.
 
ARTICLE I : Revendications et rapports de classe, rôle du syndicat en l'espèce.
 
La conscience ouvrière actuelle est loin d'être imperméable à l'idéologie capitaliste dont l'objet est de grimer les impératifs de profit d'une minorité de privilégiés en nécessité d'effort et de sacrifices pour toute la société.
La résistance à cette corruption idéologique est d'autant plus menacée par les méthodes-pièges actuelles de l’association Capital-Travail, générateur des illusions les plus tenaces dans sa combinaison avec l'individualisme. (actionnariat ouvrier, cogestion et autres gadgets à la mode.)
Mais les revendications ouvrières ne sont pas des marchandises soumises à la loi de l'offre et de la demande dans le cadre niais du "possible ou réalisable" subordonné aux privilèges de la classe dominante. Elles sont à la fois l'objet et le résultat d’un affrontement permanent et inévitable d'intérêts de classe dans laquelle l’appareil syndical doit constituer l’échantillon le plus sensible, le plus vigilant, le plus éclairé et le plus combatif de la classe salariée.
Selon l'analyse développée dans la première partie, elles émanent de la culture politico-économique propre à la classe salariée et à son histoire.
Ainsi les revendications ouvrières authentiques ne recherchent-elles aucun assentiment, aucun aval de l'intérêt patronal ambiant.
Elles n'ont donc pas à se soumettre à des rites ou des institutions de marchandages bureaucratiques, hors du cadre de la lutte concrète des salariés eux-mêmes, et encore moins en être le fruit (avarié).
Elles ne peuvent naître, en toute indépendance, que des aspirations et de l'intellect spécifiques à la classe ouvrière. Elles ne peuvent et ne doivent être portées que par leur seule volonté, leur seule détermination de classe.
 
 
Au total, c'est bien la conscience de leur condition en référence à l'horloge de l'histoire qui est de nature à pousser les salariés à la lutte collective.
Ce qu’est véritablement leur condition à un moment donné n'est que cause, déterminante certes, mais cause parmi d'autres, cadre incitateur ou non, mais, contrairement à la croyance répandue, pas moteur automatique. Car entre "ne plus pouvoir et ne plus vouloir vivre comme l'on vit ", les rapports politiques et idéologiques de la société réelle peuvent constituer un véritable abîme.
 
D'ailleurs, (et fort heureusement) dans aucune des grandes phases revendicatives les salariés ne se sont demandés si leurs aspirations de l'époque étaient "réalisables".
Ils se sont levés en masse, ont fait jouer le rapport de force, et la classe capitaliste à dû concéder, un point c'est tout.
A tous ces moments historiques, la classe ouvrière n'a rien fait moins qu'exprimer sa capacité à dicter le développement matériel de la société, au lieu de le subir.
La logique du syndicalisme de classe n'est donc pas de soumettre la lutte socio-économique des salariés au maintien du capitalisme mais au contraire de considérer que ce système doit avoir une fin et que précisément la dite lutte économique y est liée.
Tout ce qui précède aboutit à une règle fondamentale pour le syndicalisme de classe :
Aucune revendication ouvrière authentique ne peut se poser en dehors d'un rapport de force pratique animé d'une volonté collective clairement établie, prête à en découdre, sinon déjà en mouvement.
 
Il en découle un souci permanent du syndicat, une de ses tâches prioritaires: l' éducation idéologique des salariés, facteur essentiel du rapport de force moral(niveau collectif de conscience de classe).
 
ARTICLE II : La nature des revendications et le niveau de la lutte, les tendances du néo-syndicalisme.
 
En temps normal, ces deux aspects sont indissociables.
En effet, dans la logique du syndicalisme de classe, on ne saurait concevoir des distorsions excessives et durables dans la condition des salariés. Il y va de l'unité de pensée et, partant, du maintien d'un rapport de force latent.
Parallèlement, l'expérience le montre, les luttes les plus prospères et les plus conquérantes sont toujours celles qui bénéficient d’une dynamique ou au moins d'une perspective d’élargissement.
Il est clair enfin que la mobilisation, toutes choses égales par ailleurs, est étroitement liée à la nature profonde des revendications.
En conséquence, la D.P.I.O en tant qu’organisation de classe entend rétablir la pratique effective des principes qui suivent :
1) ne requiert l’attention et l’engagement du syndicat que les situations revendicatives qui sont liées à la condition générale des salariés.
2) La recherche de l'élargissement est un élément permanent de la stratégie et de la tactique revendicative.
 
La corruption bureaucratique a visiblement agi en sens inverse aboutissant précisément à l’atomisation de la conscience ouvrière.
 
Pour remonter le courant, il faut mener de front avec l'organisation : la rééducation, la sauvegarde.
 
S'il est vrai que le syndicalisme de classe est destiné par principe à promouvoir la lutte de masse, lui conférant ainsi son maximum d'autorité sociale, il est erroné d'en déduire :
1) qu’à l'inverse toute lutte de masse engage forcément les intérêts de classe.
2) que le caractère de classe est absent là où l' initiative syndicale ne mobilise pas d'emblée en masse.
3) que le syndicat est là pour flatter la masse, la traiter comme une espèce de clientèle.
 
Ces réflexions s’imposent dans les conditions actuelles de désorientation idéologique des travailleurs, où la manipulation médiatique est devenue rien moins qu'une industrie aux mains des puissances économique et politique du capitalisme.
 
La seule méthode valable pour la réhabilitation du syndicalisme de classe, c'est à dire la manière de déterminer l’engagement syndical D.P.I.O en fonction des thèmes revendicatifs ou éducatifs, est la référence permanente et générale à l'héritage culturel du mouvement ouvrier. Cet héritage est l'édifice de connaissances et de luttes posé sur une base d'économie politique.
 
L'accès à ces connaissances implique l’éducation interne du syndicat lui-même.
C'est donc en fonction de son niveau d'éducation et non en fonction de la mode sociale que le syndicat intitulé D.P.I.O détermine dans la mesure de ses forces, le niveau et la nature de son engagement.
 
 
La dérive collaborationniste du syndicalisme contemporain procure aux initiatives de reconstruction telles que la D.P.I.O une position paradoxale et impose une tâche difficile.
En effet, les syndicats traditionnels s’activent à la conversion massive de la classe salariée au trade-unionisme anglo-saxon.
Cette logique syndicale a pour base une escroquerie intellectuelle consistant à présenter le capitalisme comme une société linéaire, démocratique, égalitaire en chances, révérante à l’effort et à la valeur de l’individu.
Cet ersatz idéologique agît comme un stupéfiant social "normalisant" les dures et impitoyables réalités du système en place.
Les thèmes revendicatifs, les rapports sociaux et les méthodes d’actions y font naturellement allégeance dans une espèce de "compromis historique" particulièrement répugnant.
C’est ainsi que d’une part, les grands objectifs syndicaux anciens sont soit édulcorés pour adaptation aux besoins du "marché" (ex : réduction du temps de travail), soit ouvertement abandonnés (ex : références conventionnelles ou statutaires, conseils d’ateliers ou de bureau etc.) et que d’autre part, des modes sociologiques et des solutions toutes faites modelées sur les impératifs de profit subrogent la conscience ouvrière en éliminant des critères d' emploi toute considération humaine liée aux besoins ou droits fondamentaux. (Domicile, santé, besoins et actes courants de la vie matérielle et morale.)
Enfin on observe un phénomène d’enrôlement insidieux du débat et de l’action syndicale dans les choix internes à la politique industrielle, voire militaire du capitalisme (ex : armement, dangers industriels, rémunération des P.D.G, etc).
Pour résumer, le syndicalisme indiqué sert à la classe salariée une camelote revendicative qui n’est pas la sienne.
C'est donc sur la base du reniement de son héritage économique et socioculturel propre que les syndicats officiels mobilisent ou du moins tentent de suborner la masse des salariés.
Même si la déchéance syndicale est à présent un fait largement reconnu, il ne faut à aucun moment sous-estimer l’emprise de ce néo-syndicalisme dans lequel tout le marais syndical est à présent installé.
L’intervention in-fine des salariés n' y constitue qu' un simple rituel, subordonné au MONOPOLE INTELLECTUEL d'une bureaucratie tout entière acquise au système.
Il y a là une redoutable solution de facilité, en face de la nécessaire prise en main globale et indépendante, par les salariés eux-mêmes, de leur réorganisation, de leurs revendications de classe, et de la maîtrise absolue de leur lutte.
 
Il est clair que la D.P.I.O, telle qu'elle se définit, essentiellement en tant qu’initiative de reconstruction, ne peut à aucun prix faire figurer son sigle dans cet espace de trahison, liquidateur à terme de toute conscience de classe.
Et c'est là à la fois le paradoxe et la difficulté. La masse des salariés, soumise à un véritable dévoiement par rapport à ses aspirations naturelles se trouve mobilisée, souvent malgré elle, dans la promotion d’un modèle social qui l'emmène tout droit à sa perte.
A côté de cela, la conscience ouvrière de classe est marginalisée et sous haute surveillance.
Qu'elle vienne à déborder les appareils et elle passe aussitôt sous le coup de leur sabotage dont l' objet visible est invariablement la soumission de toute lutte au parlementarisme syndical agréé et inoffensif. On a vu cela dans le grand mouvement de la fin 1995.
C'est pourtant à partir, notamment, de cette minorité de conscience collective, qui plus est au-delà de certaines attaches affectives ou psychologiques subsistantes avec les appareils traîtres, que la renaissance du syndicalisme de classe doit se faire.
Par ailleurs, cette minorité est aussi mêlée au mouvement social et à l'action syndicale concrète, contrôlé par le néo-syndicalisme.
En résumé, le rapport traditionnel entre classe et masse est radicalement inversé.
Dans le principe du syndicalisme de classe en effet, c’est le caractère de classe des revendications qui mobilise les masses et engendre le mouvement social réel.
Dans le mouvement social actuel, c’est la mobilisation de fait des masses sur la base des prétentions patronales maquillées qui évince les intérêts de classe des masses. C'est la croyance insensée en un capitalisme pouvant soi-disant remédier à ses propres maux qui pilote bon gré mal gré la conscience collective.
La D.P.I.O se trouve donc dans la situation de déclencher la séparation des éléments nobles subsistant, de leur gangue de corruption.
Elle doit en même temps faire école pour les "sans papiers du syndicalisme" qui sans aucun doute se trouvent dans les générations montantes.
On voit aisément que selon ce programme, la revendication et partant l'action revendicative proprement dite, s'inscrivent pour l’instant autant au titre des moyens qu’au titre des buts.
Au total, dans le domaine revendicatif concret, La D.P.I.O se pose dans sa phase actuelle, en éducateur, en indicateur de chemin, en dénonciateur de trahison, et le cas échéant en stimulateur des éléments nobles. Ses membres sont naturellement présents en tant que militants ouvriers dans toute situation qui présente intérêt à ses buts mais en aucun cas son sigle ne cautionne les appareils traditionnels ni leur marchandise réformiste.
 
 
 
ARTICLE III : Les revendications ouvrières modernes.
 
 
La réhabilitation du syndicalisme de classe doit prendre élan non pas dans une prétendue nouvelle donne des rapports économiques au sein du capitalisme(idéologie chère aux sycophantes du système) mais éminemment dans un nouveau positionnement des thèmes revendicatifs.
En fait, la lutte économique de classe entre nécessairement dans sa phase supérieure.
Alors que jusque là, il s’agissait d’un combat pour la dignité et les conditions du travail donc l’existence des salariés dans le système, il s'agît dorénavant d'envisager la question cruciale des finalités, des conséquences du travail social avec pour point de repère la remise en cause du système en place.
Il est clair que cela remet au premier plan le fondement, la raison d'être si l'on peut dire de la lutte de classes, à savoir : la question de la capacité de pouvoir économique des salariés, face au poids institutionnel de la propriété privée des moyens de travail qui est la base du capitalisme.
Car le cœur du débat sur le syndicalisme moderne est bien là. Dans un antagonisme accentué du travail et du capital et non dans leur conciliation.
Dans cet esprit, point n'est besoin de gros effort intellectuel pour observer la dérive actuelle, vertigineuse, des conditions d'existence de la classe salariée. Dérive qui consiste en un assujettissement accru de la vie du travailleur dans son intégralité aux impératifs dévorants et sans limites d’un système de production-consommation confinant à l'absurde, course infernale qui n’a au fond de nécessité et d’utilité que le maintien et l'accentuation des privilèges d'une poignée de profiteurs.
L’objet moderne du syndicalisme de classe s'assimile en définitive à un acte historique : faire barrage offensif aux malversations du capitalisme contre la condition humaine à tous égards.
Ainsi les revendications ouvrières doivent-elles ne plus se contenter de constater, de subir la production, le travail, d'en combattre les dégâts physiques, moraux et sociaux à posteriori. Elles doivent antérioriser leur objection aux dégâts de l'économie, passer de la conséquence à la cause, attaquer à la base du mal, et en conséquence viser l’interdiction à la source de telle ou telle production, de telle ou telle méthode ou système de travail. On est ici, par exemple, aux antipodes de la gestion du mal-travail par la compensation quelle qu'elle soit.
Naturellement, cette nouvelle et grande perspective revendicative ne saurait s'assimiler à aucune des notions à la mode de cogestion ou de contre-pouvoir.
Il ne s'agît pas en effet pour les salariés de céder au mythe de la culture "ouvrière" d'entreprise, c'est à dire à la grande illusion du bienfait social de "l'avis syndical dans les choix du capital".
Non, il s'agît bien au contraire, d'une stratégie de combat fondée sur une culture socio-économique indépendante, extérieure au système en place, et anticipant sur sa liquidation.
 
 
 
ARTICLE IV : Droit ouvrier, Statuts et Conventions.
 
La période actuelle est caractérisée par un dangereux corollaire à la déchéance du mouvement ouvrier : l’attaque permanente des références écrites en tant qu’elles expriment les incidences historiques des luttes et en conséquence les acquis ouvriers arrachés aux exploiteurs.
 
C’est ainsi que les textes statutaires ou conventionnels sont la cible d’une édulcoration de fond, sinon le plus souvent d’une liquidation de leur essence présente ou récurrente, au profit de la sauvegarde des privilèges de la classe capitaliste.
(L’expression la plus récente et la plus spectaculaire de cette tendance étant le processus politico-économique de liquidation du service public PTT, sous le signe de la démolition programmée du statut général des fonctionnaires !).
Ces privilèges se confortent toujours plus dans les institutions qui leurs sont traditionnellement favorables telles que les milieux parlementaires, législatifs et juridiques.
Un seul exemple suffit pour comprendre dans quel sens ces privilèges s’expriment à l'encontre du monde du travail : la législation rampante et hypocrite sur le travail de nuit pour les femmes !
Certes, il convient de ne pas considérer les choses à l’envers, c’est à dire les textes légaux en tant que référence absolue aux luttes "possibles ou impossibles".
Mais avec l’entrée des sphères syndicales corrompues dans ce jeu de massacre, la défense dans le sens de la réhabilitation et même du progrès de tout texte codifiant le droit ouvrier en général (code du travail, statuts publics ou privés, conventions collectives etc.) est une des tâches présentement incontournable pour toute reconstruction syndicale.
 
ARTICLE V : Participation aux institutions dites "représentatives".
 
Bien qu’elles résultent dans leur ensemble des acquis de la lutte de classe économique, les institutions élues (ex : délégués du personnel, comité d 'entreprise, commissions paritaires etc.), sont à considérer comme historiquement dépassées.
Dans ce domaine, il est clair que les besoins de la classe salariée appellent une dimension supérieure en ce qui concerne ces moyens disons "parlementaires propres" (lesquels ne sont à confondre en aucun cas avec des moyens d’intervention).
Au surplus, la collaboration des syndicats traditionnels à la stratégie patronale contemporaine n 'a fait qu'accentuer et accélérer leur désuétude.
Mais la période actuelle en posant brutalement la question de leur liquidation de fait par l' action patronale redonne paradoxalement à ces moyens, à ces institutions, un regain d'intérêt conjoncturel.
En effet, ces institutions, même malades, même moribondes, même dépassées, constituent encore un obstacle aux ambitions dévorantes de la classe exploiteuse.
De ce point de vue tout relatif, il vient un devoir au moins momentané de toute initiative syndicale : les défendre et les faire vivre, y participer le cas échéant afin d'y acquérir à la fois une tribune et une source d'information, strictement au service de l' action syndicale indépendante.
Mais pour l'organisation D.P.I.O et compte tenu de ce qui vient d'être dit, la dernière partie de la phrase s'accommode d'une condition incontournable : aucune participation ne saurait connaître d 'utilité et encore moins de sérieux avant ou en dehors d'un niveau suffisant d'organisation et d'audience.
La bonne méthode pour garantir le retour à l'indépendance revendicative (ferment décisif de la reconstruction), c' est le point d'appui organisationnel d'abord et l'entrée dans les institutions ensuite, mais pas le contraire.
 
ARTICLE VI : Les moyens de la lutte économique de classe.
 
Dans le désordre idéologique ambiant, on ne saurait prétendre parler de l'action revendicative et de ses méthodes en dehors du rappel du principe fondamental de la lutte économique de classe.
On utilise volontiers l'expression "rapport de forces" mais on oublie trop souvent sa signification profonde.
Ce terme souffre de nos jours d'une forte dégénérescence psychologique.
Ainsi a-t-on tendance à croire que la force d'expression d'une revendication doit suffire à son obtention.
Certes on ne saurait nier, en particulier à cette époque de grande médiatisation, l'importance et parfois l’effet de l’expression sur l’évolution d'une situation de conflit.
Mais il ne s’agît là en vérité, que d’une dimension purement politique des choses.
A vrai dire, le mot " force" en l'espèce, implique, pour ne pas dire "contient", la capacité et en tous cas la réelle volonté de porter à l'adversaire un préjudice économique effectif.
En dehors de cela, il n’y a que bavardage libéral, et non lutte de classes.
Le mouvement ouvrier est né précisément par la prise de conscience de cette capacité des salariés, moyennant un certain nombre de conditions (notamment organisationnelles) à causer au capitaliste un préjudice économique de nature à le contraindre à la capitulation sinon, pour le moins, à la concession revendicative.
Ainsi, la question qui se pose à toute lutte économique, n'a à la base rien de psychologique.
Il s’agît simplement de savoir ajuster le niveau du préjudice visé au niveau de la revendication, en sachant que la revendication constitue elle-même un préjudice pour le capitaliste.
C'est cet ajustement, théorique à priori, qui doit être mis à l'épreuve dans l'action, étant entendu que l'action, de son côté pourra occasionner un certain préjudice aux salariés eux-mêmes, et qu'il convient de toute évidence que ce préjudice, si l'on ne peut le faire ravaler au patron dans le mouvement, devra être largement épongé par la situation nouvelle issue de la lutte.
En fait cet utile exposé n'est rien d'autre qu'une espèce d'équation sociale, laquelle comme on peut le penser est déjà suffisamment délicate à résoudre pour qu'on puisse y négliger le rôle majeur de la conscience et de la détermination ouvrière, ou y ajouter par dessus le marché les poisons de la collaboration de classe(compromission, lâcheté, ententes secrètes, etc.), autant de choses qui sont devenues ni plus ni moins que les assises du néo-syndicalisme, quelque soit le niveau considéré.
Vu de cette manière, la question posée par toute lutte est purement pratique :
Lequel des deux camps, autrement dit laquelle des deux classes, concevra la première que prolonger le conflit lui causera plus de préjudice que de bénéfice.
La réponse à cette question est on ne peut plus claire quant aux tâches du syndicat. Elles doivent consister notamment à élaborer les moyens de l' action et à diriger leur accomplissement dans la recherche d' un rapport des préjudices le plus défavorable possible au patron.
En définitive on perçoit que le rapport de force n'est autre qu’un rapport de préjudices supportables ou non.
 
 
 
ARTICLE VII : Le préjudice économique au capitaliste.
 
En terme d'économie politique il n'est pas d'autre préjudice possible en dernier ressort que la perturbation effective du procès de travail, donc de la mise en valeur du capital.
Cette situation est en effet la seul à atteindre le patron dans ses intérêts fondamentaux, entraînant par principe, selon les mécanismes du système économique : perte directe de profit et dans beaucoup de cas, dépérissement de capital, c'est à dire nouvelle perte ultérieure de profit par répercussion.
Pour cela, il est évident que cette perturbation, quelle que soit sa forme ou son objet, ne doit à aucun prix être compensée du fait des salariés eux-mêmes, faute de quoi, le préjudice indiqué se trouve fortement minimisé, voire totalement effacé.
Dans cet ordre d’idées, la grève est et demeure indéniablement le niveau supérieur de la lutte syndicale, à côté duquel tout autre n’est que préliminaire.
Il faut se persuader en effet que toute action qui marque des points sans recours à ce niveau supérieur le doit exclusivement à la mémoire encore présente d'un rapport de force antérieur ou à la crainte d'un rapport de force en constitution sous le signe de la grève.
 
Naturellement, la grève n'est pas une arme qui s'utilise à tort et à travers car pour être la plus noble et la plus puissante dans la lutte économique des salariés, son utilisation à des fins vaguement thématiques autres que le progrès de la condition ouvrière, ponctuel ou général, ou sous des formes insuffisantes et sans lendemain, ne font que décourager et dissuader la lutte.
Au total, la grève reste dans le champ de l’inefficacité aussi bien par excès que par défaut.
Cet état de choses est le propre de l'opportunisme syndical officiel, illustré depuis au moins deux décennies par la mode ridicule des "grévettes" et autres "journées d’action" éparpillées et à répétition agissant comme une véritable sangsue sur la combativité des masses.
Il résulte de ce qui vient d'être énoncé que la grève appelle dans tous les cas un sérieux travail de préparation, donc la permanence de la confiance et de l'estime entre le syndicat de classe et les salariés mais surtout que la question fondamentale qui se pose par rapport à la grève, plus que pour tout autre moyen d'action préliminaire, est bien celle de l’adéquation entre les enjeux revendicatifs et la dimension de l’action.
 
 
ARTICLE VIII : Vie syndicale, identité culturelle de classe, audience et crédibilité, mots d'ordre.
 
Cet ensemble de notions est un tout indissociable.
La question du mot d'ordre est enracinée dans l'histoire même du mouvement ouvrier. Le mot d'ordre, axe du syndicalisme de classe, se présente sous un double aspect : d'un côté l’aboutissement de la vie syndicale et de l'autre le point de départ de l'action revendicative proprement dite.
Il ne fait qu'exprimer la nature profonde et spécifique du syndicalisme en tant que système de rapports permanents entre la réflexion et l'action dans un groupe social déterminé.
Pour cette raison, il ne saurait se concevoir en dehors d'une vie syndicale nourrie, facteur déterminant pour l’entretien et le développement constant de l'identité culturelle ouvrière comme base de la crédibilité et de l'audience syndicale.
De la même manière que l'on ne saurait concevoir de rupture ou d'opposition morale entre une structure humaine avancée et les intérêts et la classe qu'elle est censée représenter on ne saurait concevoir de vide ou d'absence entre l’action et la réflexion.
On voit mal en effet comment une action revendicative pourrait avoir la moindre chance de succès en dehors de toute coordination ou direction de mouvement, chose pour laquelle le mot d'ordre constitue le point de repère minimum en même temps que le facteur de déclenchement de l'action.
Mais on voit mal également comment un mot d'ordre peu avoir un quelconque crédit en dehors d'une vie syndicale nourrie, donc en toute négligence de l'identité culturelle ouvrière, c'est à dire en définitive en l'absence d’une quelconque autorité morale de la structure dont il émane.
Or cette autorité, âme, pour ainsi dire, de l'idéologie ouvrière n’est nullement le quotient immédiat des réussites et des échecs.
La raison d'être du mot d'ordre, ce n'est pas tant la réponse favorable ou non qu' il reçoit de l'attitude des salariés que la nécessité d'être juste et donné au bon moment.
Ce qui procure l'autorité morale et la confiance à une organisation ouvrière, c’est la répétition des mots d'ordres justes et donnés quand il faut, agissant peu à peu dans les consciences par leur cohérence et permettant à l'organisation de faire corps avec la masse.
C'est seulement dans ces conditions que l’osmose sociale peu avoir lieu et permettre de réels progrès de la condition ouvrière par un ensemble de petites victoires qui viennent en leur temps et de grandes qui affirment périodiquement la volonté générale des salariés.
D’un côté, la structure syndicale n'est ni un prestataire de services ni un donneur d’ordre.
De l'autre côté, la masse n’est ni une clientèle, ni une armée à la disposition d'un état-major.
Le syndicalisme de classe a déchu parce que les organisations qui s'en réclamaient se sont mises à confondre le mot d'ordre avec un acte publicitaire, lié à la vente d'une certaine marchandise (action), donnant obligatoirement un retour réparti en succès revendicatif d'une part et montée d'audience d'autre part.
Ainsi ont-ils substitué la vénalité à la conscience de classe, se souciant toujours plus de l'adéquation entre le mot d'ordre et son suivi probable et toujours moins de l'adéquation entre la situation faite aux salariés et le niveau du mot d'ordre qui en découle.
C'est de cette manière que les appareils, tels des mouches du coche, sont passés derrière le mouvement revendicatif économique, puis carrément aux ordres des intérêts patronaux.
A la vérité, le processus de l'organisation syndicale est un processus historique d’émanation. Le groupe social, voire la classe tout entière se donne peu à peu un appareil, instrument qui semble séparé de la masse mais qui en réalité, continue à en faire intimement partie.
La nécessité fonctionnelle de l'appareil ne saurait déboucher sur une quelconque inféodation bureaucratique de la masse, pas plus que les intérêts de classe ne sauraient demeurer dans leur adolescence, sans direction, et livré aux humeurs ou aux impulsions de l’anarcho-syndicalisme.
Ainsi, le mot d'ordre c'est à dire l’appel descriptif concret émis par le détachement ouvrier organisé que l'on nomme syndicat n’a dans son principe historique rien d'un vulgaire commandement qui serait donné par une élite ouvrière à une masse sans esprit.
Le mot d'ordre est véritablement le résultat d’une activité, d'une vie syndicale permanente, faite de contacts soutenus et de liens matériels et moraux étroits entre la classe salariée et un instrument fait de sa substance profonde.
Le mot d'ordre, fruit d'une osmose parfaite entre l'organisation et la masse excluant toute enquête et autres sondages ridicules, c'est, en définitive, la classe salariée qui s' adresse à elle-même, pour se dire l'action du moment nécessaire au mieux de ses intérêts.
C’est le moyen irremplaçable pour la détermination sans ambiguïté des salariés, I'éclairage de leurs luttes par la traduction de leur pensée collective, l'instrument de mesure de leur volonté d'agir, le guide de leur action, à la fois indicateur et générateur du rapport des forces, en grandeur nature.
 
Le fait que le mot d’ordre ait une apparence de consigne de comportement "allant d’un cercle réduit de gens spécialisés à la multitude des salariés" n'est qu'une simple coïncidence de forme. Au fond, le mot d'ordre est tout sauf un ordre !
A ce titre, il ne peut poser problème que là où manquent la conscience, la vie et la pensée collectives, entretenues et développées par une activité syndicale permanente.
A l'inverse, l'absence de mot d'ordre, c'est à dire le suivisme syndical, n'est qu'une forme purement factice de démocratie qui s'affirme lorsque l’indépendance revendicative disparaît, lorsque la classe ouvrière est coupée de sa propre autorité pour être subordonnée à celle du capital.
Dans le cadre du syndicalisme de collaboration, le mot d'ordre se voit nécessairement substitué le fameux "démocratisme" de l'opinion moyenne" des travailleurs devant laquelle n'existe aucune position syndicale solide. On aboutit ainsi à la négation de l'objet historique de l'appareil syndical ouvrier : le maintien du lien indispensable entre la pensée et l'action collectives.
Au total, absence de mot d'ordre signifie avant tout absence de confiance, absence de fonctionnement habituel, absence de vie syndicale réelle, une spirale de régression continuelle de l'action et de la lutte qui aboutit finalement à l'immobilisme le plus total, les salariés attendant ce que va "faire ou proposer le syndicat" et le syndicat, de son côté, se consacrant à la gestion tranquille de l'apathie qu’il a semée chez les travailleurs, de leurs aspirations revendicatives toujours plus insaisissables.
Toute l'histoire du mouvement ouvrier et de la pratique syndicale a déjà démontré cela à plusieurs reprises, et la dernière période vient encore de le confirmer.
 
Neutraliser les luttes et liquider les revendications. Tel ne peut être que le seul résultat à terme de la disparition de la pratique du mot d'ordre.
La D.P.I.O s'attache donc à réhabiliter la pratique des mots d'ordre nets et responsables, pratique délibérément abandonnée par l'ensemble des organisations traditionnelles.
 
 
 
ARTICLE IX : Les dimensions et la nature de la lutte, la position du syndicat de classe.
 
S'il est clair que la grève est le moyen le plus fort de la lutte économique et que l'élargissement maximum doit toujours être visé, la dimension de l’action syndicale n'obéit pas qu'à des considérations théoriques. Les données objectives d'un conflit sont souvent contradictoires, imposant la synthèse entre la situation sociale générale, l'état de santé idéologique du mouvement ouvrier, ou plus élémentairement, les conditions spécifiques de telle ou telle branche d'activité à un moment donné et l’ambiance sur le terrain.
Par ailleurs, toute initiative syndicale bien menée, c'est à dire dans le souci de base des intérêts de classe apporte forcément une pierre à l'édifice d'une lutte future plus forte.
C'est par rapport à cet ensemble d’idées que se détermine la nature, les objectifs et partant, la forme et dimension de la lutte, forme et dimension pour lesquelles le syndicat à le devoir de se trouver dans tous les cas en position clairement avancée et responsable, que cette position soit incitative ou simplement représentative.
Cette nécessité d’être en position avancée, ce qu’il convient d’assimiler à une position dirigeante, exclue tout naturellement le fait de se borner à suivre les effets spontanés du mécontentement, et encore davantage le fait d’accompagner les salariés dans l’erreur.
 
Ainsi n'y a-t-il pas d’incohérence pour le syndicalisme de classe à assumer autant les luttes de sauvegarde que celles de conquêtes.
 
 
 
ARTICLE X : La grève générale, stade suprême de la lutte économique de la classe salariée.
 
Le mouvement économique assurant la promotion et le progrès des intérêts de classe connaît sur fond de processus historique, beaucoup d'éléments aléatoires.
Développement inégal de la conscience ouvrière selon les périodes et selon les branches, difficultés ou crises sectorielles décalées dans le temps, ambitions ou réflexes patronaux soumis au plus pur des hasards, sont autant de facteurs qui déterminent une espèce d’ébullition revendicative, permanente certes, mais qui n'atteint jamais ni le niveau ni l'ampleur susceptibles de modifier notablement les rapports économiques antérieurs.
Cette modification n’intervient que par les luttes exprimant la cohésion de classe de l'ensemble des salariés.
Si donc, comme il ressort des divers exposés précédents, il n'y a aucun lien rigide entre la dimension d’une lutte et le caractère de classe des revendications en cause, en revanche, le succès des grandes revendications historiques ne saurait résulter que des grandes mobilisations sociales.
 
La caractéristique essentielle de l’économie capitaliste est l'interdépendance croissante des secteurs d'activité.
Selon les conflits, on peut apprécier cette interdépendance de façon très diverse.
La production et la consommation ont également une forte tendance à s'universaliser à se standardiser, les échanges entre les secteurs et branches économiques sont d'autant plus tributaires des perturbations que le capital marchandises (stock) a connu dans ce dernier demi- siècle une substantielle réduction et que d'autre part une masse considérable de services sont entrés en lice, soit indirectement dans le procès de production des marchandises, soit directement en tant que moyen de consommation proprement dit.
De ces faits indubitables qui attestent la vulnérabilité croissante du capitalisme face au mouvement ouvrier, on pourrait tirer faussement l’idée que les thèmes revendicatifs pourraient désormais se traiter par secteur, par branches, par entreprise, le système se voyant contraint pour ne pas être paralysé dans son entier, de céder partiellement, ici ou là.
Or, l'expérience du corporatisme "moderne" adopté par les renégats au syndicalisme de classe montre qu'il n'en est rien.
En fait, si le capitalisme est effectivement devenu plus vulnérable, par son évolution, disons, organique, il a su en même temps se doter de protections appropriées, tant politiques qu'économiques.
On l'observe notamment dans les mouvements les plus durs, essentiellement dans les services, où il a su se doter de structures de secours, parfois clandestines, ce que la crise de l'emploi et son corollaire le sous- emploi du capital fixe, facilitent d'autant plus.
Par ailleurs, il convient de reconnaître l'importance de la tactique d'isolement et de pourrissement politique des luttes dont l’instrument actif est constitué par les médias modernes.
 
Ceci fait que la stratégie appropriée au combat économique actuel de la classe ouvrière doit s'inscrire dans la perspective proclamée de la grève générale.
 
De plus, cette nécessité s'affirme d’une urgence sans précédent, dans un contexte général particulièrement désastreux pour le mouvement ouvrier, puisqu’il s'agît à présent de refouler le recul historique de la condition salariée.
Naturellement, tout comme n'importe quelle action à n'importe quelle échelle, la grève générale a besoin de mot d'ordre, selon les principes exposés, c'est à dire, dans la confiance et l'autorité morale enfin retrouvées.
On voit d'ici la tâche à accomplir pour y parvenir.
 
La D.P.I.O se déclare donc partie prenante de cette immense tâche préparatoire en prônant constamment la grève générale.
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